«Il y a longtemps que je voulais animer un gala Just For Laughs. Ce soir, je suis un peu plus près de mon but», a lancé un Steve Martin pince-sans-rire peu après avoir été accueilli par une ovation monstre au Théâtre Saint-Denis pour le premier de ses deux galas Just For Laughs samedi. Dès le départ, il nous a donné un aperçu du genre de soirée qu'il nous réservait, absurde, allumée et follement amusante :  «Montréal est la Mecque de l'humour et nous savons tous combien La Mecque est drôle!»

Si Martin est revenu à Montréal pour la première fois en 40 ans, c'est un peu beaucoup grâce aux Steep Canyon Rangers, avec qui il effectue sa première tournée depuis les années 70. Il a déniché ces musiciens de bluegrass en Caroline du Nord «mais à Hollywood, confie-t-il, je préfère dire qu'on s'est rencontrés dans un centre de désintox.» Ils s'amusent follement dans leur car de tournée, a assuré Martin : «Je le sais parce que je les appelle toujours de mon avion privé.» Et l'humoriste d'ajouter : «Quand on me demande, Steve, pourquoi une carrière musicale aujourd'hui? Je réponds : mais les gars, vous êtes mes musiciens!»

Martin a donc pris son banjo, dont il joue plutôt bien, et ensemble, ils nous ont servi deux de ses compositions : l'instrumentale Pitkin County Turnaround puis Daddy Played Banjo, une chanson écrite à partir d'un «mauvais poème» de son cru. Plus tard, Martin a constaté que le bluegrass avait une certaine parenté avec le gospel et il dédié aux athées une version a cappella de son hymne Atheists Don't Have No Songs. À la toute fin du gala, Martin et son groupe nous ont servi une version bluegrass de son succès des années 70, King Tut, avec chorégraphie égyptienne en prime.

Contrairement à Cheech and Chong la veille, Steve Martin a surtout conté des blagues écrites exprès pour l'occasion plutôt que du matériel réchauffé. Devant les retardataires, il s'est étonné que leurs montres ne soient pas à l'heure dans un coin de pays découvert par Cartier. Il a montré sur film les faits saillants de son passé au festival - trois moments filmés dans les minutes précédentes. Puis, faisant allusion aux bandes de Mel Gibson, il nous a fait entendre en primeur un enregistrement que sa femme a réalisé à son insu et dans lequel Martin cause de physique quantique... avant de lui demander in extremis de lui tailler une pipe.

Steve Martin est un hôte idéal pour un gala du genre, un maître de cérémonie généreux qui en plus de faire bien paraître les humoristes participants, a préparé une ligne pour chacun d'entre eux, y compris le chef d'orchestre Scott Price.

Nick Cannon, animateur de l'émission America's Got Talent - «Il manque un point d'interrogation dans ce titre», a fait remarquer Martin - est également le mari de Mariah Carey, ce dont il ne se cache surtout pas. Il est surtout un humoriste de métier, d'une aisance remarquable, capable d'insérer quelques blagues sur les bixies dans son numéro.

L'Australien Rove McManus anime, lui, l'émission Are You Smarter Than a 5th Grader. «Là-bas, ça s'intitule Are You Smarter Than an American», a lancé Martin. McManus a bafouillé, il a été victime d'un trou de mémoire, mais il est retombé sur ses pattes, comme un pro.

Le Montréalais d'origine Steve Patterson a fait crouler de rire le public avec son numéro sur Barack Obama qui, s'il était Irlandais, enverrait paître ses détracteurs plutôt que de prendre la responsabilité du désastre de BP. «Avoir su qu'il était si bon, je l'aurais éliminé!», a dit Martin tout de suite après.

Soulignons aussi les numéros désopilants de Mike Birbiglia, un véritable comédien qui a raconté comment ne pas séduire une fille en l'amenant faire un tour dans un manège qui brasse trop, et du tout dernier invité, Jo Koy, très physique lui aussi dans le rôle du gars qui va chercher sa blonde à la fin d'une soirée de filles trop bien arrosée. Pissant, dans tous les sens du terme...