Le trio Morissette-Avard-Mercier n'a pas fini de faire jaser. Ce soir au St-Denis, ils donnent le coup d'envoi des galas Juste pour rire avec leur propre gala, animé par Mercier et Morissette, mis en scène par Avard, qui tournera autour du thème du scandale. Quelque chose qu'ils ont vécu de près dans la tourmente médiatique du Bye Bye 2008, alors qu'on apprenait récemment qu'ils feront le Bye Bye 2010 - la participation de Jean-François Mercier n'a pas été confirmée. Discussion sur le scandale, avec deux gars qui en ont marre d'en parler, mais qui savent en profiter.

LA PRESSE: Comment allez-vous articuler le gala autour du scandale?

LOUIS MORISSETTE: On fait un détour par le scandale, mais le but n'est pas de faire un gala edgy. De toute façon, je ne pense pas que ce serait habile, parce que ça devient lassant, ça devient un concours de qui dit la chose la plus terrible. L'objectif, c'est de faire rire les gens. En choisissant cette thématique, on trouvait ça rigolo puisque nous avons été associés à un scandale par le passé. Et puis, on se disait que ça ferait vendre des billets...

FRANÇOIS AVARD: C'est tellement pas scandaleux que ça va être diffusé à TVA. S'il n'y avait pas eu cette thématique, probablement que Jean-François aurait fait les mêmes choses et ça aurait été scandaleux, mais là, on dira de lui qu'il est dans le thème!

Q Revenons sur le psychodrame du Bye Bye 2008, à quel point les gens ont été scandalisés...

F.A.: Le scandale, c'est le psychodrame. Le Bye Bye n'était pas scandaleux. Le problème est dans le déchaînement médiatique. Tu dis que les gens étaient scandalisés. Ils ne l'étaient pas, ils ont aimé ou pas aimé, à part quelques exceptions qu'on a beaucoup trop entendues par rapport à l'importance que ça avait.

Q Ce déchaînement est-il à la mesure de la célébrité du couple Louis et Véro? Autant vous êtes aimés, autant vous êtes détestés.

F.A.: J'ai toujours aimé Véro, et je déteste Louis énormément...

L.M.: (rires) Je ne sens pas un acharnement quelconque. C'est correct d'aimer ou de ne pas aimer. La vie continue. Mais en même temps, on connaît ceux qui règlent des comptes. Si on est plus présent, on va recevoir plus de tapes dans le dos et plus de claques sur la gueule, c'est proportionnel à l'exposure. Mais si je parle juste pour moi, je dois dire que j'ai tendance à prendre des risques, donc à être plus sur la corde raide. Il y a des gens qui apprécient cela, la preuve est que les billets pour ce gala se sont super bien vendus.

Q Avec le recul, malgré cette période difficile, est-ce qu'il y a du positif qui ressort de tout cela? Après tout, vous refaites le Bye Bye, ce gala, les Gémeaux, etc.

F.A.: Le positif, malgré le tumulte que cela a provoqué, c'est qu'on a retenu beaucoup d'enseignements de 2008 qu'on ne veut pas renouveler en 2010. Les gens qui ont été scandalisés ne devraient plus l'être. La notoriété de Jean-François a explosé, il va avoir un show à V. Je ne crois pas qu'il y a tant de positif que ça, mais il n'y a pas autant de négatif que certains peuvent le penser. Dans nos carrières, ça a été un moment dur, mais pour l'industrie et le public, c'est un faux pas; ils ont encore confiance en nous.

Q Et puis, ça humanise, voir quelqu'un traverser une épreuve...

L.M: Oui, ceux qui résistent et qui se tiennent debout, les gens remarquent ça. Cela dit, je pense qu'au Québec, on ne sort jamais réellement gagnant d'un scandale. Le coût humain relié à ça...

F.A.: Ça a choqué des gens, des sensibilités, mais ce n'était pas scandaleux parce que c'était fait avec la volonté de faire rire, et puis, bon, on a manqué de tact dans deux ou trois cas, on le sait.

Q Mais justement, pourquoi se relancer là-dedans? C'est l'émission la plus critiquée de l'année!

F.A.: Parce que c'est EXCITANT! C'est excitant de vivre à la frontière, sur le fil de la lame!

L.M.: De toute façon, c'est notre troisième. Mais là, je lance la serviette en ce qui concerne le consensus, parce que c'est impossible de l'avoir. Il y en a qui vont détester et parmi eux, je pourrais déjà nommer des noms. Il y a beaucoup de plaisir aussi, c'est un privilège de pouvoir faire ça, d'avoir la chance de poser un regard sur l'année, ton monde, ta société, et pendant qu'on le fait, c'est bien grisant. Je focalise sur le plaisir, le privilège... et les ulcères et l'eczéma.

F.A.: De toute façon, le monde paie pour, ils ont le droit de critiquer.

L.M.: Je voudrais faire une parenthèse qui a plus ou moins rapport. Il y a une chose qui m'écoeure du Bye Bye...

F.A.: Pas encore le Bye Bye!

L.M.: Ben c'est ça: encore le Bye Bye. Les journalistes vont écrire: est-ce qu'ils ont fini de nous parler de ça? On est ici pour parler du Festival Juste pour rire, et tu nous parles du Bye Bye. Je suis allé chez France Beaudoin pour parler de Juste pour rire et de la sortie du film Cabotins, et on a parlé du Bye Bye pendant les trois quarts de l'entrevue.

Q Mais c'est normal, vous le refaites!

L.M.: On aurait pu dire aussi qu'on ne veut pas en parler.

F.A.: Et là, ça aurait été un scandale.

L.M.: On aurait caché quelque chose. En 2008, quand les médias en parlaient, on a eu une photo de paparazzi à l'aéroport. J'étais en tabarnak.

Q Vous êtes probablement les seuls à avoir vécu une expérience de paparazzi au Québec.

L.M.: On est les seuls aussi à avoir un conflit ouvert avec un autre groupe médiatique. Suite à ça, j'ai reparlé du Bye Bye au Festival Juste pour rire l'an dernier avec Jean-François Mercier. Sinon, j'étais chez nous, j'écrivais C.A., mais pendant cinq semaines en ligne à Tout le monde en parle, on revenait sur le sujet. Vous voulez qu'on arrête? Mais arrêtez! C'est juste une précision pour que les gens ne pensent pas qu'on veut tout le temps en parler. Enfin, je pense que ce qui fait qu'on en parle beaucoup, c'est parce qu'on ne s'est pas couché et qu'on n'est pas rentré chez nous prendre deux années sabbatiques. Nous, on voulait retourner faire ce qu'on aime et ce pourquoi on s'est rendu là.

F.A.: Tu pouvais pas juste te suicider?

L.M.: On n'avait pas le temps de se suicider!

Q Ce pourquoi on vous en parle tout le temps, c'est que vous l'utilisez. Le scandale est le thème de votre gala, vous refaites le Bye Bye, vous avez même créé une pub inspirée de vos excuses publiques pour annoncer ce retour!

F.A.: Le scandale, c'est un gouvernement minoritaire qui dilapide notre argent, un milliard de dollars pour restreindre nos droits et libertés, et notre liberté d'expression, l'un de nos droits les plus fondamentaux. On a vu de quelle manière les gens ont été arrêtés et traités. Après ça, il y en aura encore pour ne pas vouloir croire que les militaires canadiens laissent les prisonniers de guerre se faire maltraiter en Afghanistan, quand on voit ce que la police a fait à des Canadiens et des Canadiennes. Quand on voit des scandales de même, au fond, Louis et Jean-François ne devraient pas faire de jokes là-dessus, mais demander au monde de crisser des bombes partout.

Q Quelle est la nature de votre longue collaboration?

F.A.: On essaie de mettre de l'eau dans le vin de Jean-François! Pour ce gala, ce qui est très rassurant, c'est que ce sont deux gars très travaillants. Cet hiver, on rodait déjà à Drummondville. On se réunit, on s'écrit des courriels, on se connaît assez pour connaître les sensibilités de chacun, ce qui est important dans un triumvirat..

L.M.: Quand je démarre un projet, la première personne à qui j'en parle, c'est François.

F.A.: Par exemple, son troisième enfant. J'ai travaillé un peu avec lui là-dessus. Il y avait des longueurs, je lui disais «je passe par ici, mais fais la même chose par en avant»... Vero a ben aimé ça.

L.M.: J'accepte très peu de gens dans mon intimité créatrice. François, j'ai confiance en son jugement. Des fois, je ne l'écoute pas, mais je lui dois énormément.

F.A.: Il ne se sent pas menacé par moi, parce qu'il sait que je préfère les brunes...

Le gala de Jean-François Mercier et Louis Morissette, ce soir et demain au Théâtre St-Denis. Avec André Sauvé, Mike Ward, Cathy Gauthier, Sylvain Larocque, Dominic Paquet, Pierre Hébert et plusieurs autres.