C'est parti pour la quatrième édition du HeavyMTL au parc Jean-Drapeau. Une grande messe métal qui s'étire tout au long du week-end et permettra à des dizaines des bands de démontrer leur savoir-faire sur trois scènes.

Les milliers de fans attendus commencent à converger sur le site, encore un peu boueux à cause des intempéries de la veille. Le groupe canadien Diemonds a ouvert les hostilités avec la chanteuse Priya Panda en grande forme. Le groupe death métal Job for a cowboy, originaire d'Arizona, a ensuite pris la relève sur la scène voisine et contribue sérieusement à réchauffer la foule de plus en plus dense.

Le groupe Dark Century se préparait à grimper sur la troisième scène située un peu en retrait du site. Le groupe Between the buried and me se produira à 15h30 sur une des scènes principales, mais les Québécois Kataklysm devraient ensuite marquer le coup d'envoi du festival. 

La troupe de Maurizio Iacano sera talonnée tous au long de la journée par les Cannibal Corpse, Killswitch Engage, Five Finger Death Punch, Deftones et System of a down.

Le festival du signe du devil et du air guitar est officiellement lancé. L'alcool commence à couler à flot. Les filles qui se baladent sur le site pour proposer des shooters se font accoster plus régulièrement. Au moment d'envoyer ces lignes, un mosh pit de plus en plus enthousiasme est en train de piétiner l'immense parterre de plus en plus sec, dominé par une mer de t-shirt noirs.

L'intensité a vraiment grimpé d'un cran lorsque les Québécois Kataklism se sont pointés sur la scène, des habitués d'HeavyMTL et un groupe chouchou du public à en juger par le nombre de t-shirts du band sur le site.

«Pour ceux qui ne le savent pas, on vient de fêter nos 20 ans de carrière!», a d'ailleurs lancé fièrement le chanteur Maurizio Iacano, arborant un tatouage Invictus de circonstance sur l'avant-bras, avant d'enchainer avec It turns to rust, un des succès du groupe. Laco ne s'est pas gêné pour haranguer la foule, qu'il estimait trop endormie à son goût. «Le pit est moyen, je le veux plus gros que ça. C'est Kataklysm icitte!», a-t-il ordonné, devant une foule conquise et réceptive.

Le groupe a interprété The night they visit avant de céder leur place à Cannibal Corpse. Les deux bass drums du batteur Stéphane Côté résonnaient partout sur le site. «On est pas mal satisfaits, c'est toujours amusant de jouer chez nous», a raconté le batteur, croisé après leur prestation. Ce dernier était ravi de constater que plusieurs fans portaient un chandail aux couleurs de leur formation sur le site. Le groupe ira jouer à Toronto demain, où la version torontoise et siamoise du festival est présentée.

Un imposant déplacement de foule s'est fait sur la scène voisine, où les monumentaux Cannibal Corpse se préparaient à grimper.

Le ciel jusqu'à alors bleu s'est rapidement assombri. Des employés d'un kiosque Musique Plus se sont à mis à distribuer des imperméables gratuits fort populaires. Au milieu de la foule dense, une fille courageuse en fauteuil roulant opinait vigoureusement de la tête. Tout près, un bambin en bedaine juché sur les épaules de son père ne lésinait pas sur les signes du devil.

Cannibal Corpse a d'entrée de jeu joué quelques pièces de son excellent dernier album Torture, notamment la pièce Scourge of iron, acclamée par la foule.

Entre les chansons, le chanteur George Fisher promenait un regard meurtrier sur ses fidèles. Vers la fin du spectacle, ces pionniers ont enfilé quelques vieux succès tels que I cum blood et l'incontournable Hammer smashed face. Une rare visite appréciée du public pour le groupe floridien, interdit de territoire en Corée, en Australie et en Nouvelle-Zélande pour l'ensemble de son oeuvre. Suffit de décortiquer les paroles de n'importe quelle chanson, à commencer par The time to kill is now, interprétée en fin de spectacle pour comprendre. «Ils sont tous mots, c'est leur fin aujourd'hui. Ils ont tous péri, dans d'atroces souffrances. Personne n'a survécu. On le laisse personne en vie.»

Personne n'est mort lorsque ces vieux routiers ont quitté la scène.

Mais tout le monde semblait enchanté.

Les vétérans du death ont ensuite fait place à la relève avec l'arrivée de Killswicth Engage, qui gagne de plus en plus d'adeptes sur la scène métal.

Des pluies diluviennes s'abattent sur le site. Des intempéries insuffisantes pour refroidir les ardeurs d'un public conquis par les succès du groupe américain et le charismatique du volubile chanteur Jesse Leach.