La grand-messe métal qui s'ouvre aujourd'hui au parc Jean-Drapeau mise sur des valeurs sûres pour faire courir les amateurs. Le promoteur prévoit d'ailleurs une foule record pour ce quatrième événement, auquel participent de gros noms populaires et de nombreux vieux routiers qui, malgré les décennies accumulées, continuent à dominer la scène métal. Nostalgique, le métal?

Une semaine après le festival Osheaga, une toute autre faune s'agglutinera autour des trois scènes d'HeavyMTL, où les lucioles pixélisées et bottes de pluie design céderont le pas aux signes du diable et aux chandails noirs recouvrant partiellement toutes sortes de tatouages aux antipodes d'un gentil papillon.

Cette quatrième kermesse métal, qui s'ouvre aujourd'hui au parc Jean-Drapeau, mise sur des valeurs sûres. Les milliers de fans attendus opineront vigoureusement du bonnet devant les têtes d'affiches Slipknot et Marilyn Manson, mais surtout System of a Down qui effectue son grand retour. Ils seront précédés des fédérateurs Cannibal Corpse, Suicidal Tendencies, Overkill et Deftones.

La programmation devrait plaire aux puristes, dont certains crient encore à l'hérésie à la suite des prestations de Billy Talent et même du mythique groupe Kiss l'an dernier. «En tant que métalleuse, je suis toujours un peu sur la défensive envers des groupes pas très underground comme System of a Down, Deftones ou Marilyn Manson, mais je comprends parfaitement l'idée de vouloir attirer monsieur et madame Tout-le-Monde», nuance Christine Fortier, qui anime l'émission Le Grimoire du métal sur les ondes de CISM et est collaboratrice à l'hebdomadaire Voir.

Le directeur de la programmation du festival, Nick Farkas, assure travailler d'arrache-pied pour plaire aux amateurs, notamment en favorisant un bon dosage des genres. «Depuis le début, on ne veut pas seulement être un festival métal, mais on vise aussi le hard-rock», explique-t-il.

M. Farkas dit tendre l'oreille aux fans lorsque vient le temps de prévoir sa programmation. Evenko est particulièrement fier d'avoir attiré System of a Down, un groupe qu'il souhaitait voir grimper sur la scène du festival depuis le début. Même satisfaction pour Marilyn Manson et Slipknot, des groupes très populaires ici.

«Les ventes vont très bien. On est pas mal sûr d'avoir notre meilleure année», croit Nick Farkas, qui espère attirer 45 000 personnes. L'achalandage des autres années a oscillé entre 33 000 et 41 000 spectateurs.

Les vieux routiers

Cette année encore, de vieux routiers du métal dominent la marquise et contribuent largement à faire courir les fans. Le festival, qui a réussi de bons coups dans le passé en attirant Megadeth ou Slayer, présente des monuments tels que Suicidal Tendencies, Deftones, Cannibal Corpse ou Voivod, qui hurlent leur mal de vivre devant un public fidèle depuis des décennies.

Les jeunes groupes semblent incapables d'émerger et de détrôner ces vieux de la vieille. «Les groupes qui ont forgé le style et ont fondé le métal n'ont pas d'équivalents. La scène est aujourd'hui plus underground. Mais elle est bien vivante et se produit dans de plus petites salles», analyse Christine Fortier.

Les ballades sirupeuses entre deux solos ne sont plus au goût du jour. La radicalisation du genre fait en sorte que les groupes d'aujourd'hui ne se pressent pas pour produire un «album noir» (en référence à l'album éponyme de Metallica), de peur de perdre leur intégrité, note Mme Fortier.

La loyauté des fans de métal explique aussi l'éternelle popularité des vieux groupes, croit Nick Farkas. «Ça prend plusieurs albums avant de développer une base de fans.» Certains invités ont réussi l'exploit et gagnent de plus en plus d'adeptes. C'est notamment le cas des Killswitch Engage, Five Finger Death Punch, Protest the Hero, In Flame ou encore Trivium, qui parviennent à se distancer de la scène underground.

Et ce, même s'ils sont encore loin de provoquer des épisodes de transes collectives comme lorsque résonnent les premières notes de Master of Puppets, Season in the Abyss ou Holy wars.