Benoît Lachambre participe deux fois plutôt qu'une au Festival TransAmériques. On le trouvera tout d'abord dans Snakeskins, chorégraphie pour laquelle il a remporté le Grand Prix de la danse de Montréal en 2013 et qu'il présente en reprise à l'Usine C. Il jouera également pour la première fois au théâtre dans la tragédie Phèdre, revisitée par Jérémie Niel.

L'art dans la peau

Adepte et enseignant de la démarche somatique du mouvement, le danseur et chorégraphe est parti de l'image de la mue du serpent pour créer Snakeskins.

« Je pratique un exercice qui s'appelle le serpent d'eau. Ce sont des ondulations de la colonne vertébrale, un travail de dilatation de la matière autour de la colonne vertébrale. C'est un travail très profond qui apporte une sensation d'expansion de l'énergie dans l'espace autour de la colonne, un peu comme une mue », explique le chorégraphe.

Benoît Lachambre s'est également inspiré de la symbolique du serpent chez les Mayas, laquelle était particulièrement d'actualité au moment de la création de Snakeskins en 2012.

« Nous étions en plein dans les préoccupations sur la fin du monde selon le calendrier maya. Je trouvais intéressant de créer autour des idées de transformation, de passage, et de faire face au serpent à plumes volant qui symbolise l'arrivée du nouveau soleil et la fin d'un âge », précise le créateur qui s'est aussi inspiré des rites de passage des Premières Nations.

Faux solo

Lancé dans l'idée d'interpréter un solo, Benoît Lachambre sera finalement rejoint sur scène par le danseur Daniele Albanese et par le compositeur et multi-instrumentiste Hahn Rowe, avec qui le chorégraphe a déjà collaboré.

« Hahn Rowe est très intuitif et réceptif. On entre en dialogue très facilement et sa musique puissante sert énormément la pièce, car il est beaucoup question de vibration, autant du corps que de l'espace », précise Benoît Lachambre qui a participé à la scénographie avec Philippe Dupeyroux et Yves Godin, pour tenter de recréer l'intérieur du serpent à travers un échafaudage et 60 cordes créant un espace de tension et de mise en perspective.

Au fil de Snakeskins, Benoît Lachambre va réaliser différents types de rituels qui le feront passer du superhéros version SM au sans-abri agressif et violent, au majestueux oiseau, serpent à plumes de la mythologie maya.

Première sur les planches

Benoît Lachambre enchaînera avec Phèdre, tragédie de Racine revisitée par Jérémie Niel dans laquelle il fera ses premiers pas au théâtre.

« La tragédie au théâtre est un peu la danse de l'âme », lance l'interprète de Thésée, mari de Phèdre, dévorée par la passion qu'elle ressent pour son beau-fils Hippolyte. « Jérémie Niel voulait absolument que ce soit moi et ne m'a pas lâché jusqu'à ce que je dise oui. Ça me faisait un peu peur de faire une tragédie grecque ! », dit-il.

Benoît Lachambre a dû plonger dans un personnage dur, à la colère immense. « Snakeskins est une pièce qui a des moments plus sombres, mais ce n'est pas une tragédie aussi puissante que Phèdre qui montre les côtés sombres de l'humanité dans sa douleur », explique le comédien qu'on verra dans la peau d'un père dépressif dans le prochain film de Carole Laure.

Chorégraphe et danseur, Snakeskins,

à l'Usine C, les 23 et 24 mai.

Comédien, Phèdre, à la Cinquième Salle de la Place des Arts,

du 26 au 28 mai.