Le 7e Festival de théâtre des Amériques (FTA) aura lieu du 22 mai au 8 juin prochain. Les billets s'envolent toujours vite pour cet événement couru de théâtre et de danse. À vos marques, crayons, papiers!

Trieste

Marie Brassard est une habituée du FTA. Avec sa compagnie Infrarouge, elle y a créé depuis 2001 tous ses solos (L'invisible, Peepshow, La noirceur). On se souvient avec bonheur de Moi qui me parle à moi-même dans le futur, présenté il y a deux ans au FTA, récit de son enfance à Trois-Rivières traversé de sons et d'images oniriques. Marie Brassard poursuit sa démarche multidisciplinaire avec Trieste, un autre poème dont elle seule a le secret qui, cette fois, explorera «les hasards et les coïncidences extraordinaires». Un spectacle qui «croise légendes anciennes et mythologies contemporaines nouées autour de l'idée de la mort». Un risque qu'on est prêt à prendre avec cette artiste si charismatique. - Jean Siag

Du 25 au 27 mai à l'Usine C.

Deux fois Christian Lapointe

Radical, prolifique, parfois hermétique, Christian Lapointe est un privilégié du FTA 2013 puisqu'il y présente deux spectacles: une création mondiale d'après Marguerite Duras, L'homme Atlantique, et une reprise d'Outrage public (Peter Handke), pièce sans acteur créée en janvier à Québec. Et lorsque Lapointe dit «sans acteur», il faut le prendre au pied de la lettre: son Outrage public misera sur des voix de synthèse et... la présence des spectateurs. Le public, dit-on, est aussi placé au centre de L'homme Atlantique (ou la maladie de la mort), création campée sur un plateau de cinéma dans laquelle il dirige Anne-Marie Cadieux, Jean Alibert et Marie-Thérèse Fortin. - Alexandre Vigneault

L'homme Atlantique, du 31 mai au 2 juin à la Cinquième Salle de la PDA.

Outrage public, du 3 au 7 juin au Théâtre La Chapelle.

Ainsi parlait

Cette création improbable est un peu à l'image de la programmation du FTA, qui mêle sans complexe théâtre et danse. Étienne Lepage, qui a été propulsé par sa pièce Rouge gueule en 2009, et dont le talent s'est confirmé dans L'enclos de l'éléphant et Robin et Marion, n'a pas hésité à sortir de sa zone de confort. Avec le chorégraphe Frédérick Gravel, révélé par Gravel Works et Tout se pète la gueule, chérie, il propose un spectacle pop où quatre interprètes se font la courroie des contradictions de notre société. «De Nietzsche à Hendrix, entre diatribe mordante et show rock'n'roll, entre harangue électrisante et postures décontractées», on peut s'attendre à tout. C'est aussi ça, le charme du FTA. - Jean Siag

Du 5 au 8 juin à l'Agora de la danse.

So Blue

Créée à Düsseldorf au mois de décembre dernier, So Blue a reçu des critiques élogieuses de la presse allemande. Le bleu du titre serait une référence à la couleur de l'âme, selon Louise Lecavalier qui avait présenté Children et A Few Minutes of Lock au FTA en 2010. Pour la création de So Blue, la danseuse de 54 ans dit avoir été inspirée par la musique «rythmée et obsessive» du compositeur d'origine turque Mercan Dede, multipliant «les mouvements vifs». L'ex-danseuse étoile de La La La Human Steps et collaboratrice de longue date d'Édouard Lock dansera d'abord seule, puis en duo avec Frédéric Tavernini, avec qui elle a déjà fait équipe dans Rouge cobalt. Si vous n'avez encore jamais vu Louise Lecavalier danser, c'est l'occasion. - Jean Siag

Les 6 et 7 juin au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.

Un ennemi du peuple

Ibsen et Thomas Ostermeier forment une belle paire. La relecture éminemment contemporaine que le metteur en scène allemand a fait de Hedda Gabler, présentée au Centre national des arts d'Ottawa en 2009, était d'une élégance et d'une pertinence à donner froid dans le dos. Le revoilà avec un texte moins connu du dramaturge norvégien, Un ennemi du peuple, où il s'intéresse à un questionnement existentiel qui ne déchire peut-être pas suffisamment de gens, si on se fie à ce qu'on voit à la commission Charbonneau: l'argent ou l'intégrité? Un rendez-vous incontournable qui promet d'être percutant. En allemand avec surtitres français et anglais. - Alexandre Vigneault

Du 22 au 24 mai au Théâtre Jean Duceppe.

Conte d'amour

Inspiré de l'histoire de Josef Fritzl, cet Autrichien qui avait séquestré sa fille dans sa cave pendant 24 ans en plus de lui faire sept enfants, Conte d'amour explore la mécanique des amours extrêmes avec tous les malaises qu'on imagine. Issu du milieu des arts visuels, Markus Öhrn, qui sera à Montréal pour la première fois, a créé une pièce qui mêle théâtre, performance et vidéo. «Un cauchemar intime où des enfants sans âge, captifs d'un père-monstre, jouent et rejouent de perturbants rituels...» peut-on lire dans le programme. Une pièce «coup de poing», selon la directrice artistique Marie-Hélène Falcon, qui parle ici d'une véritable découverte. En allemand et en anglais avec surtitres français et anglais. - Jean Siag

Du 28 au 30 mai au Conservatoire d'art dramatique.

Nella Tempesta

Mélanger théâtre et réalité est l'un des moteurs des créations de Danila Picolo et Enrico Casagrande. La frontière entre ces deux mondes est complètement tombée, l'an dernier, lorsque la compagnie italienne a présenté Alexis. Una tragedia greca, où il est question des émeutes qui secoué la Grèce depuis 2008, au moment même où le bruit des casseroles résonnait tous les soirs dans les rues de Montréal. Motus revient à Montréal pour la création mondiale de son nouveau spectacle inspiré de La tempête de Shakespeare, où les forces de la nature sont remplacées par le choc des peuples qui descendent dans la rue pour s'opposer à un pouvoir économique omnipotent. En italien avec surtitres français et anglais. - Alexandre Vigneault

Du 24 au 27 mai à Cinquième Salle de la PDA.

Winners and Losers

Belle curiosité que cette coproduction du Théâtre Replacement de Vancouver, codirigé par James Long et le Théâtre Neworld, une compagnie de Montréal codirigée par Marcus Youssef. Autour d'une table évoquant un ring de boxe, les deux hommes confrontent leurs idées et leurs opinions dans un jeu réaliste de catégorisation, qui vise à déterminer ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas. Mais de cette joute amicale naîtront des tensions. «Jusqu'où peut-on aller dans la confrontation des valeurs de l'autre?» demandent les créateurs. Créée en 2012 à Vancouver, cette pièce autobiographique serait une des belles surprises de cette programmation, selon Marie-Hélène Falcon. Nous y serons pour vérifier! En anglais seulement. - Jean Siag

Du 27 au 29 mai à Espace Libre.

Birds with Skymirrors

Ceux qui ont vu Tempest: Without a Body il y a deux ans, une pièce inspirée d'une peinture de Paul Klee représentant un ange aux ailes trop courtes pour voler, seront tentés de découvrir cette nouvelle création du réputé chorégraphe néo-zélandais, grand défenseur de la culture maori. Lemi Ponifasio se serait inspiré des désastres écologiques des îles Samoa pour créer Birds With Skymirrors. Une image se serait gravée dans son esprit, celle d'un oiseau tenant dans son bec des détritus toxiques. Sa pièce nous est présentée comme une «cérémonie de réconciliation avec la Terre». «Danses précises et délicates de moines virevoltants. Évocations fugaces d'une planète ravagée par la modernité aveugle.» Le retour du chorégraphe engagé est attendu. - Jean Siag

Les 29 et 30 mai au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts

Beauty Remained for Just a Moment Then Returned Gently to Her Starting Position

Marie-Hélène Falcon a quand même le don de mettre la main sur des pièces, disons déstabilisantes. Après nous avoir initiés au théâtre japonais il y a deux ans, et à la dramaturgie irakienne l'an dernier, voici qu'elle nous propose une incursion dans l'univers fantaisiste de la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin. Réputée pour son engagement contre l'apartheid, Orlin aime représenter les travers de la société sud-africaine. Beauty Remained... se présente comme une pièce jubilatoire qui célèbre la vie à Johannesburg. Les danseurs excentriques de la compagnie y seront vêtus de costumes faits à 100% de matières recyclables. Une bouffée d'air quand le théâtre sera un peu trop torturé... - Jean Siag

Les 23 et 24 mai au Monument-National.

Pour consulter l'ensemble de la programmation du FTA: www.fta.qc.ca