Ce n'est pas d'hier que Pol Pelletier porte les mots de Jovette Marchessault. À l'orée des années 80, au Théâtre expérimental des femmes, la comédienne, metteure en scène et performeuse a créé les monologues Les faiseuses d'anges et Les vaches de nuit. Trente ans plus tard, elle est encore habitée par la parole de cette auteure méconnue qu'elle a fait résonner dans Une contrée sauvage appelée Courage (repris le 26 mai à Val-Morin en appui aux étudiants) et avec Le pérégrin chérubinique, qui sera présenté pour la première fois dans sa «forme finie» dans l'ancienne église Sainte-Brigide, dans le quartier Centre-Sud.

Pol Pelletier, comédienne au charisme chamanique, se fera ainsi porte-parole de cet autre monologue poétique dans lequel une femme retrace son parcours spirituel, amoureux et intellectuel. Une confession impudique où gronde à la fois la révolte et l'amour de la vie, un pèlerinage dans «une civilisation en déclin», mais résolument attiré par la lumière. Jean St-Hilaire, ancien critique de théâtre du journal Le Soleil, est sorti ébloui d'une version préliminaire du spectacle à laquelle il a assisté à l'automne 2008. Il a parlé d'une «rencontre magique», d'un texte «vibrant de colère et d'espoir» et d'une «haute balistique artistique».

Pol Pelletier sera seule sur scène, mais tout de même accompagnée par les musiques de Jean-Jacques Lemêtre, collaborateur de longue date du Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine. Dans un texte daté du 8 mai diffusé par le FTA, la femme de théâtre a pourfendu l'art et les artistes modernes qui seraient «au service du statu quo et des valeurs rétrogrades» et plaidé pour l'instauration de nouveaux critères artistiques tels «l'héroïsme» et la «générosité». Elle prêchera par l'exemple en offrant, à la suite de chacune des représentations du Pérégrin chérubinique, un «cadeau révolutionnaire» aux spectateurs sous la forme d'une rencontre ou d'une performance.

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Le pérégrin chérubinique, de Pol Pelletier, du 6 au 9 juin, à 20h, à l'église Sainte-Brigide.