Son premier disque, Petite amie, a récemment été sacré Album révélation de l'année aux Victoires de la musique. L'auteure-compositrice-interprète Juliette Armanet, qui dégage des parfums de Véronique Samson en particulier et d'années 80 en général, se produit à Montréal ce soir dans le cadre des FrancoFolies. Une première rencontre pleine de promesses entre le public québécois et une des vedettes de la nouvelle garde de la chanson française.

Comment appréhendez-vous ce premier spectacle au Québec?

Je suis très excitée. J'ai l'impression qu'on a des choses à partager et à se dire, et j'ai hâte de voir si mon pressentiment est le bon. C'est tout à fait normal, quand on sort de chez soi, de rencontrer l'inconnu et de se confronter. On va voir si l'accroche se fait, mais je sens que ça peut marcher, qu'on peut s'entendre.

Depuis la sortie de votre disque, il y a moins de deux ans, votre succès ne fait qu'augmenter. On rêve à ça quand on commence à écrire des chansons?

Les disques, les chansons, on les fait pour soi-même. C'est le premier geste. Et puis après, le fait de rencontrer la bienveillance et l'enthousiasme, ça porte complètement. Parler aux gens, rentrer dans leur vie, leur quotidien, non seulement c'est très bouleversant, mais ça donne des ailes pour voyager, faire des tournées, se lâcher complètement... Y aller à fond.

Ça ne met pas de pression de la suite?

Ah si, je vous rassure!

Êtes-vous déjà en train d'écrire de nouvelles chansons?

Non. Je n'ai pas le temps pour cette introspection. Je suis encore en train de faire de la promo, des spectacles, je suis encore complètement dans ce disque et je le vis jusqu'au bout.

Vous avez fait une prestation lors de l'ouverture du Festival de Cannes, où vous avez chanté Les moulins de mon coeur de Michel Legrand. Vous deviez être fière...

Oui, et j'étais très heureuse qu'on me l'ait proposé. C'était un vrai honneur et un grand moment. Mais ça faisait peur, hein ! Les moulins de mon coeur, ce n'est pas une chanson facile à chanter, il y a un côté un peu standard de jazz, qu'il faut maîtriser vocalement. Il a fallu travailler pour se l'approprier, pour trouver notre ton.

Êtes-vous davantage une héritière de la variété française que de la chanson française?

Oui. La variété qu'on écoute chez soi. Des chansons qui accompagnent la vie, les émotions de la vie.

Parfois, on dirait que vous êtes née dans la mauvaise décennie... Vous auriez aimé faire de la chanson pendant les années 80?

Je ne me pose pas la question. Je suis de mon époque sans aucun doute. J'aime bien faire de la musique avec ma génération. Je la trouve passionnante, il y a plein de choses nouvelles entre les hommes et les femmes, c'est bien d'être de cette époque.

Ce sont des sujets qui vous touchent, l'équité, la vague du #moiaussi?

Ça résonne en moi. Cette problématique est très présente, on en parle entre femmes, c'est là, quoi. Je me sens dans l'air du temps avec ces questions. Ça traverse mes inspirations, mon écriture.

Vous êtes auteure-compositrice-interprète. Est-ce que tout arrive en même temps pour vous, la musique et le texte?

Je n'écris jamais un texte sans une mélodie. C'est ça qui m'intéresse. Je ne veux pas faire des textes trop littéraires. J'aime l'idée que la langue ait une mélodie, qu'elle soit musicale.

Beaucoup de chanteurs français ont choisi l'anglais pour s'exprimer. Est-ce que ça vous a traversé l'esprit?

Ah non. Je ne maîtrise pas du tout cette langue et ça ne m'amuse pas particulièrement d'écrire en anglais. Je ne peux pas faire des alliages de mots aussi amusants qu'en français, parce que je maîtrise ma langue.

C'est vrai que vous maîtrisez assez l'art de jouer avec les mots.

Merci! Je ne sais pas si je maîtrise, mais en tout cas, je m'amuse. Même au quotidien, j'écris des textos en écrivant des jeux de mots, des petits mails ludiques.

Vous jouez du piano depuis que vous êtes toute petite, et tout le monde dans votre famille en joue aussi. C'est vraiment votre instrument?

Le piano est vraiment constitutif de mon éducation et de ma personnalité. J'ai du mal à vivre sans. Pour moi, c'est rassurant quand il y a un piano quelque part dans une maison. Cet instrument est comme un membre de la famille. Il fait partie de mon décor, autant intérieur qu'extérieur.

Vous avez été documentariste avant de vous lancer dans la musique. Est-ce que le métier de journaliste a influencé votre manière de faire des chansons?

Pas du tout. Même si j'ai adoré faire ça, je peine vraiment à faire le lien entre la journaliste et la musicienne.

Il y a deux parties en vous, une cérébrale et une artiste?

Il y a une partie plus altruiste. Dans le documentaire, on est tourné vers les autres, alors que la création, c'est de l'introspection.

Quelle est votre partie préférée, artiste ou journaliste?

Je suis très épanouie de m'être accomplie en tant que musicienne. Je pourrais refaire du documentaire, ce serait bien. Mais j'avais profondément besoin de faire cet album. Sinon, je n'aurais pas pu continuer à vivre.

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Juliette Armanet sera en spectacle ce soir à L'Astral. Première partie: Gaël Faure.