Eddy de Pretto, jeune phénomène musical français, a rencontré hier la presse, deux jours après avoir séduit le public des FrancoFolies de Montréal avec un concert à guichets fermés. Très à l'aise dans ses baskets, l'auteur de l'album Cure répond aux questions avec simplicité et franchise.

Premier concert sur le sol nord-américain (le chanteur sera de retour en septembre au festival Mile Ex End). Et aussi première surprise professionnelle. En foulant la scène du MTelus, il a constaté avec joie que sa notoriété avait traversé l'océan avant lui. «Je pensais que le public [québécois] serait timide, réservé, voire simplement curieux, dit de Pretto. Or là, j'ai été très ému et très touché de l'accueil dimanche soir.»

Le succès ne semble pas avoir gonflé son ego. Le jeune homme qualifie de «pseudo-notoriété» sa nouvelle popularité. 

«Ça ouvre une fenêtre d'opportunités. Plus on est vu et connu, plus il y a de monde qui veut être ami avec vous.»

Et qui souhaiterait-il avoir dans ses nouveaux amis? «Le chanteur James Blake, j'aimerais bien travailler avec lui un jour. Puis [il réfléchit]... Xavier Dolan. Est-ce qu'il habite à Montréal?»

«Pourquoi pas un clip avec Blake réalisé par Dolan?, lance l'animateur de la rencontre, Nicolas Tittley. Il faut lancer ce souhait dans l'univers!»

Hors murs

Pas facile de mettre cet artiste de 25 ans dans une case ou une famille musicale. Il déteste les cloisons. Il préfère le mélange des genres. Son style est influencé par la musique urbaine actuelle autant que par Brel. Ce qui donne un croisement entre Stromae, Nougaro et Pierre Lapointe. «Je ne sais pas si je fais partie d'une école. J'ai grandi en banlieue de Paris, à Créteil, bercé à la fois par la chanson française - que ma mère faisait jouer à la maison - ainsi que par le rap et le hip-hop du voisinage. Ça a forgé mon ADN musical.»

Eddy de Pretto est aussi le premier chanteur populaire ouvertement homosexuel en France. Pour lui, son homosexualité n'est pas juste normale, elle est complètement banale. «J'ai grandi dans un entourage où l'on se foutait de l'orientation sexuelle des gens... C'est ma mère qui venait cogner à ma porte pour me faire découvrir des artistes homos. Elle m'a offert Eddy Bellegueule, le roman d'Édouard Louis, et m'a dit d'aller voir J'ai tué ma mère de Dolan.» 

Interrogé sur le vertige de la création du deuxième album à venir, après le succès du premier, l'auteur-compositeur-interprète a «forcément des angoisses», mais il ne veut pas se mettre trop de pression. 

«J'ai envie d'avancer, d'évoluer, de toujours me questionner, répond-il. Je veux explorer de nouveaux sujets et poursuivre le travail sur les mots et leur sens. J'aime gratter les mots pour faire claquer les consonnes. Et je veux continuer de raconter des histoires. Mes histoires.»

Photo Edouard Plante-Fréchette, La Presse

Pas facile de mettre Eddy de Pretto dans une case ou une famille musicale. Il déteste les cloisons. Il préfère le mélange des genres. Son style est influencé par la musique urbaine actuelle autant que par Brel.