Les FrancoFolies ont pris fin hier dans un marathon de neuf heures de musique gratuite. Bilan d'une journée hétéroclite en plein coeur du Quartier des spectacles.

15h30: Le rodéo de Philippe Brach

L'auteur-compositeur-interprète Philippe Brach était le premier à braver la chaleur accablante, hier après-midi, à l'occasion de l'événement de clôture Vive Montréal aux Francos! Vêtu d'une longue veste au dos de laquelle apparaissait l'emblématique rosette de la métropole, le chanteur a presque exclusivement pigé dans son plus récent disque, Portraits de famine. Comme pour nous plonger davantage dans l'Ouest américain, Brach a enjambé un taureau mécanique pour Dans ma tête et - chapeau! - sans que la voix en pâtisse. Il aurait pu s'en extraire avant Héroïne, question de se rapprocher de son public et d'y faire face. Pour le reste, le Saguenéen a habilement «rockifié» certaines chansons (Alice, Crystel et en particulier D'amour, de booze, de pot pis de topes) avec l'aide d'un trio de guitaristes costumés, d'un batteur et du trompettiste Guillaume Tremblay. Seul ce dernier, courtement vêtu d'un maillot de bain, a accompagné un Brach communicatif sur Bonne journée, guidée par les claquements du public. Un concert honnête et fièrement montréalais, malgré quelques interventions confuses lues sur un carton et destinées à la captation radio-canadienne. - Charles-Éric Blais-Poulin

17 h: Fait chaud avec Fakoly

Comme s'il ne faisait pas assez chaud, avec un mercure affichant 32 degrés, c'était au tour de Tiken Jah Fakoly, maître ivoirien du métissage, de porter la scène Ford à ébullition. Après une brève introduction musicale, le reggaeman est apparu dans son boubou majestueux devant ses huit musiciens et ses deux choristes pour offrir Le descendant à une foule festive et multiethnique. Le paroxysme a été atteint avec Le prix du paradis: guitares électriques, instruments traditionnels et trio de cuivres ont fusionné en un groove irrésistible, les refrains trouvant écho parmi un public volontaire. «Est-ce que Montréal veut chanter pour l'Afrique?», avait demandé le charismatique chanteur. La soirée a ensuite pris un bref virage percussif (Plus rien ne m'étonne) et Fakoly, déchargé de sa robe traditionnelle, s'est fait encore plus mobile; il flottait. Retour au rock et au reggae sur 3e dose, qui dénonce les autocrates africains appâtés par les troisièmes mandats, puis sur une reprise corollaire, Get Up, Stand Up, de Bob Marley. Les martyrs, L'Afrique va se réveiller et Africa en rappel: la chaleur étouffante avait été vaincue par les rythmes libérateurs de Fakoly. - Charles-Éric Blais-Poulin

20 h 30: IAM livre son bon son brut 

Plat de résistance de cette folle journée musicale, le groupe marseillais IAM a offert un spectacle à la hauteur des attentes de ses fans de la première heure. Célébrant les 20 ans de L'école du micro d'argent, le groupe a fait preuve d'une grande générosité, présentant en quasi-intégralité son mythique opus au public montréalais. Le Quartier des spectacles a rapidement pris des airs de Cité phocéenne pour accueillir Akhenaton, Shurik'n, Kheops, Imhotep et Kephren, en forme olympienne du haut de leurs 50 printemps et entonnant Nés sous la même étoile. Alternant entre titres phares de L'école du micro d'argent et succès de son plus récent album Rêvolution, IAM a ravi son public, tout de même plus réactif aux Petit frère (chanté d'un bout à l'autre par le public) et Un bon son brut pour les truands que sur Chanson d'automne ou Bien plus beau aux côtés de Meryem Saci. Sabres lumineux rouges à la main, IAM excelle particulièrement en exécutant L'Empire du côté obscur. Une prestation mémorable, ponctuée de moments uniques, a cappella sur Demain c'est loin. «Merci pour votre amour!», a lancé Akhenaton avant de tirer sa révérence. Merci pour le spectacle. - Stéphanie Vallet

22 h 30: Fédérateurs Cowboys Fringants

Les drapeaux de l'Olympique de Marseille ont laissé place à ceux du Québec pour accueillir Les Cowboys Fringants, venus clore cette journée des plus diversifiées où le public a changé aussi souvent que les prévisions météo. Il n'aura pas fallu attendre longtemps avant que la foule ne se mette à danser dès l'arrivée sur scène du groupe engagé qui a choisi de commencer son spectacle par Bye Bye Lou. Conquis dès les premières notes de Manifestation, les festivaliers n'ont pas semblé perdre en énergie tout au long du spectacle et n'auront pas un instant cessé de chanter en choeur, tout particulièrement sur 8 secondes ou le classique En berne. Le quatuor sait de toute évidence comment faire lever le party. Un bon choix pour finir en beauté les 29es FrancoFolies, sous la pluie battante. - Stéphanie Vallet