Avec le deuxième volume de Brazivilain, Toast Dawg clôt une trilogie. Il s'agit de son troisième EP instrumental. Un album que le compositeur-DJ lancera sur le coup de minuit, samedi soir, au Savoy, dans le cadre des FrancoFolies.

En décembre 2012, Toast Dawg a lancé un premier EP intitulé The Love Loop. Pour la suite, il a décidé de plonger à fond dans ses archives de musique brésilienne, projet précieux à ses yeux resté jusque-là en suspens. « Mes parents écoutaient beaucoup de musique brésilienne », raconte-t-il.

Après un voyage marquant au Brésil dans sa jeune vie d'adulte, Toast Dawg a découvert autre chose que la bossa et il s'est mis à archiver une foule de sonorités qui vont du jazz-fusion au rock psychédélique.

Le premier volume de Brazivilain est sorti en janvier 2014 et a remporté quelques mois plus tard le prix GAMIQ du EP de l'année.

De quoi convaincre Toast Dawg de produire un deuxième volume, disponible depuis mardi. « J'ai trouvé d'autres sources, indique-t-il. Du jazz-fusion, des trucs des années 70, des sons plus sombres et expérimentaux. »

Le premier titre de Brazivilain volume II, Deep Breath, évoque la première bouffée d'air oppressante que le musicien a prise en sortant de l'avion, à São Paulo.

Illa J, le frère du regretté rappeur J Dilla, figure sur la dernière pièce, Finale (Fim). Depuis plusieurs années, Toast Dawgorganise les soirées annuelles Montreal Loves Dilla, en hommage au défunt producteur de Detroit.

Illa J y était cette année et il a passé du temps en studio avec Toast Dawg lors de son passage en ville. Leur collaboration est par ailleurs immortalisée en images dans un clip qui sera dévoilé sous peu... avant le spectacle qu'Illa J (aussi ami et collaborateur de Kaytranada) doit donner au Festival de jazz, le 30 juin.

Musicalement, Finale (Fim) tire sa source d'un échantillonnage de la chanson Branches, qui figure sur l'album du mythique concert de 1973 réunissant Eumir Deodato et Airto Moreira. « Cela ferme la boucle, car c'est un disque de mes parents. C'est une photo de mon père, une année avant ma naissance, que l'on voit sur la pochette de Brazivilain volume II », précise Toast Dawg, qui est aussi connu sous le nom de DJ Naes.

Par rapport au premier volume de Brazivilain, le second s'avère plus concis. « J'ai fait les six maquettes en une semaine. Je n'ai pas attendu de finir une pièce avant d'en commencer une autre, explique Toast Dawg. J'ai ensuite construit les pièces les unes après les autres. »

En cours de route, le producteur et compositeur a partagé des idées et collaboré avec le réalisateur Sébastien Blais-Montpetit. Un autre membre du Studio de l'Est, François Lafontaine, est venu enrober de claviers le premier extrait At Night.

Un vétéran, ou presque

Toast Dawg nous a donné rendez-vous sur le boulevard Saint-Laurent, au quartier général du festival Mural, où il se produisait après notre entrevue. À notre arrivée, il discutait avec le chroniqueur télé Le Jeanbart. Ils représentent tous deux des anciennes figures de proue du rap québécois. Le premier dans Atach Tatuq, le second dans Omnikrom.

Toast Dawg est néanmoins resté près du rap à travers des collaborations avec Koriass, Loud Lary Ajust, Eman, Grandbuda, Doc Mad, Milimetrik et Karim Ouellet.

Comme pour le premier Brazivilain, le deuxième volume aura par ailleurs une version remix avec différents rappeurs qui sortira en septembre.

Toast Dawg a également fait partie de Payz Play et il était le DJ sur scène pendant les nombreuses représentations de Mommy, pièce de théâtre percutante d'Olivier Choinière.

« C'est cool de faire mes trucs à moi. J'ai tellement fait de choses pour ou avec d'autres gens. Mais je ne deviendrai jamais célèbre, car je ne suis pas un showman. Je suis un peu timide... », dit Toast Dawg.

Il a l'intention de lancer un LP et il aimerait bien composer de la musique instrumentale pour un film ou une série télé.

« Je reçois plus de demandes depuis que je suis seul. Cela m'a ouvert des portes. » Toast Dawg a notamment collaboré à l'album Tout égratigné-remix de Robert Charlebois (pour la pièce California). Plus récemment, le DJ-compositeur a remixé la chanson City de Secret Sun.

Le père de famille refuse toutefois de se produire plusieurs soirs par semaine en mode DJ dans les bars comme jadis. « Je suis vieux », lance-t-il.

Toast Dawg gagne sa vie dans le monde du livre comme chargé de projet dans une maison d'édition. « La musique que je fais est encore difficile à vendre. »

N'empêche, Toast Dawg est maintenant représenté par Ambiances Ambiguës. Brazivilain volume II sortira en vinyle et sera distribué aux États-Unis par la référence en matière de musique urbaine, Fatbeat. « Super cool. Un autre pas dans la bonne direction. »

Si vous ne pouvez pas être au Savoy samedi soir pour le lancement de Brazivilain volume II, Toast Dawg sera du Piknik Electronik le 21 juin.