Le chanteur belge Stromae séduit toutes les générations. Ses titres Formidable et Papaoutai, dont les clips ont enregistré des millions de visionnements sur YouTube, ont conquis les foules et la critique. Le jeune homme au look de dandy se produira deux soirs au Centre Bell, les 17 et 18 juin, dans le cadre des FrancoFolies de Montréal.

En attendant, il poursuit sa tournée en France dans de grandes salles qui affichent presque toujours complet. La Presse a assisté au spectacle qu'il donnait récemment à Épernay, près Paris, où il jouait une fois de plus à guichets fermés.

Petite bourgade paisible de 25 000 âmes nichée au milieu des vignobles, Épernay est située à 140 km à l'est de Paris et abrite plus de 35 maisons de champagne, dont la célèbre Moët et Chandon. La «capitale du Champagne» a vu sa population grimper d'un bond le 5 juin pour le concert de Stromae au Millesium. La salle de 8000 places était pleine à craquer.

Karim Ouellet

À 20h, les lumières s'éteignent et un jeune chanteur à la guitare commence à jouer, entouré de ses deux musiciens.

Karim Ouellet chante Cyclone. Épernay fait partie des cinq dates françaises où il assure la première partie de Stromae. Il remettra ça au Centre Bell.

Alors que la salle continue de se remplir, le chanteur québécois enchaîne avec En couleurs, Le monstre et Fox. Une vingtaine de minutes plus tard, il clôt son tour de chant avec L'amour sous des applaudissements polis.

Le plat de résistance

À 21h, le spectacle commence avec une vidéo en noir blanc projetée sur l'écran géant qui occupe le fond de la scène. Une chaîne de montage façon Les temps modernes de Chaplin s'active pour fabriquer et mettre en place le matériel qui se retrouvera sur scène.

Des petits bonshommes au chapeau melon apparaissent, puis un autre, longiligne. Ils s'effaceront pour faire place à Stromae en chair et en os et à ses quatre musiciens, qui attaquent avec le titre La fête.

Cris dans le public, explosions lumineuses sur scène, refrains entraînants. Le ton est donné. La marée de téléphones portables brandis dans les airs immortalise ce moment. Stromae commence fort avec une mise en scène épatante et ingénieuse. On ira de surprise en surprise tout au long de la soirée.

Véritable performance

Chacune des chansons interprétées est minutieusement mise en scène, telles de petites saynètes formant une plus grande histoire, cohérente. Le concert est à l'image de Stromae: complet, festif, imprévisible et d'une belle originalité.

Sur scène, le chanteur métis au noeud papillon, né d'une mère belge et d'un père rwandais, danse, interagit juste ce qu'il faut avec son public, change de costume, joue la comédie.

Pour Tous les mêmes, il déambule sur scène avec une gestuelle féminine et joue le gars ivre sur son titre Formidable pendant que les spectateurs chantent avec lui.

Pour Quand c'est, sa chanson sur le cancer, Stromae se transforme en ombre chinoise. Sur l'écran blanc derrière lui apparaît un énorme insecte qui tente sans cesse de l'attaquer pendant que le chanteur essaie en vain de le repousser. Un beau moment d'émotion, chose assez rare dans un spectacle d'une telle envergure.

Sur d'autres titres comme Peace of Violence, Carmen ou Alors on danse, la salle se transforme en véritable boîte de nuit, avec lasers, effets lumineux sur scène et projections vidéo graphiques. Le public hétéroclite, avec ses enfants, ses adolescents et ses adultes de tous âges, est en feu, bras dans les airs.

Stromae (maestro en verlan) porte bien son nom. Il aura mené son concert d'une main de maître, proposant une quinzaine de titres. Au rappel, le chanteur prouve qu'il n'avait pas dévoilé toutes ses cartes en réservant une mise en scène fascinante pour son succès Papaoutai, avant de terminer le spectacle avec une pièce instrumentale de circonstance, Merci.

Le spectacle de Stromae est bien rodé. Le chanteur de 29 ans se situe maintenant à mi-chemin d'une tournée de 100 dates qui se clôturera en novembre prochain au Palais Omnisports de Paris-Bercy, la plus grande salle de France. Les cinq soirées programmées affichent déjà complet. Quant à ses deux concerts au Centre Bell, il reste encore des places.

Au Centre Bell les 17 et 18 juin, 20h.

La presse française unanime

Stromae est sans contredit le phénomène musical de la dernière année en France. Ses titres Formidable et Papaoutai sont connus autant des enfants que des plus vieux. Fédérateur, intergénérationnel, certes, mais pas que. Stromae connaît un succès non seulement public, mais également critique en France. La

presse française n'hésite d'ailleurs pas

à le comparer à son compatriote

Jacques Brel. Stromae a réussi à mettre d'accord les médias de gauche et de droite, les journaux populaires et les magazines plus pointus. Ce n'est pas une mince affaire. Les inRocKuptibles, hebdo branché, l'a invité comme rédacteur en chef en mars. Du journal Le Monde au Figaro en passant par Libération,Télérama, L'Express et Le Point, les médias ne tarissent pas d'éloges à son égard. Pour une rare fois, la critique est unanime: Stromae a du génie.

PHOTO ÉRIC GAILLARD, REUTERS

En France, non seulement le public embarque dans le phénomène Stromae, mais également la critique. Phénomène rare.