Il nous avait promis une fête louisianaise et il a tenu sa promesse: hier soir place des Festivals, des milliers de têtes suivaient doucement le rythme des bayous avec un Zachary Richard en pleine forme qui les avait conquis en à peine trois chansons. En pleine forme et radieux - combien de fois l'a-t-on vu avec un sourire si contagieux? -, Zachary Richard n'a pas hésité à esquisser quelques pas de danse lorsque le rythme le commandait.

La soirée a commencé avec Laisse le vent souffler et le ton était donné: s'amuser c'est du sérieux et la musique doit être à la hauteur. Le chanteur y est allé avec son zydeco et son blues entouré d'un groupe solide de quatre musiciens louisianais, au clavier, à la basse et la guitare, mais aussi à l'accordéon, la planche à laver et l'harmonica.

Zachary Richard s'est aussi permis quelques accalmies, pour l'hymne de Cap Enragé, la valse toujours prenante de Cap Bijou, ou seul à la guitare pour une nouvelle chanson, Orignal ou caribou, histoire tragique d'une crise identitaire... Mais même dans ces moments plus calmes, le public, pas le plus compact des Francos mais sûrement le plus attentif, l'a suivi, se laissant porter par sa voix toujours émouvante et puissante - à ce niveau, Petit kodiak a été mémorable.

Les spectateurs ont aussi écouté le Zachary engagé, pour l'environnement, pour la défense du français en territoire nord-américain, contre la tyrannie. Et ils ont accueilli avec chaleur Lisa LeBlanc, qui a fait les choeurs sur C'est si bon, probablement l'invitée spéciale la plus sous-utilisée de l'histoire des invités spéciaux. Et ont applaudi avec tendresse le petit-fils de Zachary, Émile, qui a joué de l'harmonica sur une chanson qu'il a composée avec son grand-père.

En fin de spectacle, lorsque tout le monde s'est mis à danser l'écrevisse sur Crawfish, on oubliait le petit vent frisquet de ce mois de juin pour sentir la chaleur monter du Sud. Zachary Richard avait tenu promesse: l'illusion était parfaite.