Jimmy Hunt a mis L'Astral dans sa petite poche d'en arrière hier soir, en présentant un spectacle qui rappelait la mer, avec une vague plus Dylan, puis une autre plus électrique, la suivante plus acoustique - O.K., je l'avoue, pendant l'instrumentale Erzulie Freda, il m'a rappelé Jeff Buckley -, une dernière plus Gainsbourg années 70... juste avant un rappel qui a reviré la salle de bord, mêlant tout cela savamment.

Car il sait y faire en matière de chansons, le beau Jimmy, et s'il n'est pas bavard, c'est parce que ses chansons disent tout ce qu'il y a à dire. Dommage que la sonorisation ait été un peu discutable, ce qui ne permettait pas de saisir toutes les paroles comme on l'aurait voulu.

Quoi qu'il en soit, accompagné par trois musiciens de haut calibre, notamment le très inspiré et inspirant Emmanuel Éthier à la guitare (plus violon et claviers), le chanteur ex-Chocolat avait invité aussi son ami l'illustrateur Mathieu Jacques à dessiner en direct pendant son spectacle... avec l'aide entre autres de vieux rétroprojecteurs. C'était vintage! Et on pouvait ou non regarder les dessins se créer sous nos yeux, Mathieu Jacques étant capable à la fois d'imagination et de discrétion.

La salle était pleine de gens qui connaissaient les chansons du longiligne chanteur, les plus jeunes au parterre - en formule debout, presque sans sièges -, les moins jeunes à l'étage, tous savourant l'étonnant répertoire de Jimmy Hunt, faussement candide, délicatement sordide et, par moments, franchement poignant (Ça va de soi, Mathilde). Avec son allure de prince pirate, fine moustache comprise - les filles tripent sur lui comme c'est pas permis! -, Hunt a interprété en une heure tous les morceaux de son (excellent) disque solo éponyme lancé l'automne dernier (Sois belle, Motocross, Les moineaux et les loups, la chanson bonus Les vagues, etc.), deux morceaux du temps où il faisait partie de Chocolat (Albertine, Tes petits seins) et même Les bonbons, une de ses «vieilles» chansons qui figuraient sur son «vrai premier» disque solo en 2003 (sorti très, très confidentiellement).

Quand il a terminé sa performance avec son irrésistible Everything Crash, c'était le délire dans la salle. La légende de Jimmy est sur le point de prendre son envol...