Chapeau mode et verres fumés, il est arrivé sur scène les pouces dans les ganses de ses jeans noirs. Comme Éric Lapointe, a souligné un habitué. Pas de doute: juste à le voir, CharlÉlie Couture s'en venait en découdre au Club Soda où l'avait précédé Bertrand Belin.

Après de brèves salutations, CharlÉlie commence avec Tu joues toujours du CD Solo Boys (1987). À sa droite, le guitar solo boy Karim Attoumane annonce ses couleurs: comme l'a promis Ze Boss, «ça va dépoter!». Rythme incantatoire lourd pour Quelqu'un en moi, du CD Fort rêveur, sorti récemment ici: «Sortilège de bayou, c'est un caillou dans les remous»... Y'a un fou et un hibou plus loin, mais personne n'est encore à genoux.

Les applaudissements qui saluent Une certaine lenteur rebelle de New Yor-Coeur (2006) font espérer un dégel prochain «sous le pont de Brooklyn»... et sous la mezzanine rétractable du Soda où les vieux fans de CharlÉlie, fidèles et patients, attendent le petit choc qui dit que, oui, le spectacle est commencé. CharlÉlie enlève ses lunettes - ah! - pour Ta phosphorescence. ll dit autant qu'il chante; né 30 ans plus tard, il aurait été slammeur.

Dans son accent nasillard qu'il semble adopter à volonté, le Lorrain exilé à New York livre Les statuts de ma liberté, porte d'entrée de Fort rêveur, musicalement peut-être la pièce la plus solide du 27e album du «peintre qui chante». Chercher à être tout, autant que son contraire...

CharlÉlie s'installe au piano pour Keep on Moving, aussi de Solo Boys, qui nous amène à noter une certaine redondance dans le phrasé sinon dans la mélodie. Juste que ça se ressemble... Samuel Garcia lâche ses claviers pour l'accordéon rock dans Le menteur (1982). Ça roule un peu enfin... CharlÉlie a le rock - dans l'attitude du moins -, mais il manque le «roll»: dur à expliquer.

Ce Phénix sur le 11 Septembre semble en retard sur l'histoire malgré sa belle montée dramatique, Oublier brasse un peu la soupe, mais les fans ont hâte aux grandes «anciennes»: Le loup dans la bergerie et surtout, Comme un avion sans ailes des Poèmes rock de 1981 quand CharlÉlie Couture apparaissait comme un espoir de la nouvelle chanson française.

Voilà, «one more» pour clore un spectacle correct, musicalement bien rendu, mais trop facilement oubliable.