Censurée sur les plateformes légales de téléchargement, la pochette du minialbum Le podium #1 exhibe un sexe féminin dans toute sa splendeur. La photo s'inspire du fameux tableau L'origine du monde qu'avait peint Gustave Courbet en 1866. Les quatre titres du Podium #1 ont eu l'effet d'une petite bombe en France. Prêts pour un autre boum? La Femme débarque de ce côté de la flaque.

Aux Francos de Montréal, on a souligné ce qu'ont dit Les Inrocks au sujet de ce groupe né en mai 2010 et qui revient d'une première tournée aux États-Unis: «La Femme prépare les tubes de demain.» C'est vrai? Voyons voir. On écoute, on se dit que oui, il y a potentiel de tube. Difficile d'en savoir davantage... Pas de noms de musiciens dans l'EP. Apparaissent des chanteuses différentes dans les clips en circulation sur l'internet.

Peut-on parler à un membre de La Femme? On fait signe que oui.

Joint à Paris, Marlon est au bout du fil. Originaire de Biarritz, Marlon a 20 ans comme son ami d'enfance Sacha (de Bayonne) avec qui il a fondé La Femme en mai 2010. Du même âge et tous installés à Paris, Sam, Noé et Clémence se produiront aux Francos avec Marlon et Sacha. Marlon en est le principal claviériste; Sam y joue les guitares, claviers et thérémine; Noé la batterie; Clémence chante et joue les claviers.

«Très peu d'information sur nous? Ce n'est pas voulu d'une certaine façon... et voulu de l'autre.»

Marlon explique ce qui n'est pas voulu:

«Nous n'avons pas d'agent, pas de structure, pas de label, donc pas de promotion. Le label Third Side a sorti l'EP, mais nous enregistrons actuellement notre premier album par nos propres moyens. Nous sortons un autre EP en septembre et l'album sera prêt l'an prochain. Pas évident, tout vient d'arriver! Il faut que notre situation se régularise... Nous sommes seuls et ne savons pas trop à qui faire confiance. Nous voulons prendre le temps de bien faire les choses.»

Marlon explique ce qui est voulu:

«La Femme est un mystère, elle doit toujours en réserver une part. Ainsi, nous avons fait exprès de ne pas mettre nos noms dans les notes de pochette de l'EP. Pour l'instant, nous ne voulons pas associer le groupe à des individus, un chanteur, un batteur, etc. Des gens qui viennent, d'autres partent, une toile d'araignée se tisse. On change toujours de configuration. Aux États-Unis, une autre chanteuse était avec nous. La Femme est un système solaire dont il ne faut retenir que le nom.»

Pour faire une histoire courte, Sacha et Marlon ont arrêté les études après le bac, se sont mis à fond à la musique, ont participé au groupe SOS Mademoiselle et ont fondé ensuite La Femme. En juillet dernier, ils ont fait connaissance avec des surfeurs californiens en vacances à Biarritz. Ils ont eu alors l'idée d'une tournée aux États-Unis.

«Noé et Clémence nous ont plantés un mois avant de partir, nous avons dû les remplacer. Nous avions déjà envoyé des courriels dans toutes les salles des villes où nous souhaitions jouer. Puis, une fille nous a aidés à faire le booking et ça s'est finalement très bien passé: 24 concerts en trois mois, Californie, Philadelphie, New York. Nous avons chanté en français et nous avons joué sur les gros clichés - bérets, baguettes, cuisses de grenouilles, etc. On s'est bien marrés!»

Et voici Montréal à l'horizon...

Influences

Autre argument concourant au succès viral de La Femme: références archi-connues et rafraîchies aux goûts du jour.

«À la base, nous venons surtout du rock des années 50 et 60; twist, surf, rock'a'billy, rock, Eddie Cochran, Dick Dale, mais surtout le Velvet Underground qui est notre influence majeure. On écoute aussi du vieux jazz - rag time, Nouvelle-Orléans, stride, swing, boogie woogie... Côté France, on aime le yéyé, Ronnie Bird, Marie et les Garçons, Serge Gainsbourg, Jacques Dutronc, Barbara, La Souris Déglinguée, Deux et autres groupes de la compilation Bippp (sous étiquette Born Bad Records). Taxi Girl? On aime bien, les débuts d'Indochine... D'Europe, on aime aussi Krafwerk.

«Notre but est quand même de faire de la musique d'aujourd'hui avec nos influences et de vieux instruments. On ne fait pas dans le revival, mais on préfère le XXe siècle.»

Et pourquoi pas s'inspirer du XXIe?

«Bah... parce qu'il vient juste de commencer.»

La Femme se produit le mercredi 15 juin, à 22h, scène Vidéotron, et à 23h, Le Shag, ainsi que le jeudi 16 juin, à 20h, scène Vidéotron.