Environ une heure après avoir réchauffé de sa souveraine présence la salle Maisonneuve, Luz Casal nous a parlé de cette chanson qu'elle a enregistrée il y a 20 ans.

«C'était en 1991 ou en 1992, à la demande de Pedro Almodovar. Depuis, je la chante chaque jour de ma vie», a tout naïvement confié la Luz, avant d'offrir une interprétation en finesse et en dentelles de Piensa en Mi, hymne indissociable du film Talons aiguilles.

Nombre d'entre nous, hier soir, étions impatients de réentendre l'émotion de cette chanson mythique. Et nous avons été généreusement récompensés. Mieux: le spectacle offert par Luz Casal dans le cadre des FrancoFolies nous a permis de faire connaissance avec une personnalité singulière, d'un style hors du temps.

Avec sa morphologie typée, son profil dramatique, ses courts cheveux noirs, sa grande robe blanche de boléro et son port de danseuse de flamenco, Luz Casal est une icône ambulante.

Parfois enveloppée dans une étole de fourrure bleue qu'elle jette ensuite par terre avant d'enrouler un boa autour de son cou, elle a pris place au milieu de la scène entourée de ses «compagnons» musiciens.

Dans un premier temps, Luz Casal a enchaîné les titres de son récent album La Pasion dans une interprétation théâtrale et gestuelle. De ballade aux trompettes relaxes (Alma Mia, Nuevo Dia Brillara) en airs plus émotifs qui fait vibrer la fibre nostalgique (Historia de un amor), la dame a traversé son répertoire avec une aisance et une joie irrésistibles. Séduisante -elle s'est adressée au public dans un français aussi charmant qu'approximatif- Luz Casal fraie parfois avec un kitsch bien assumé, fait flirter rythmes cubains et influences flamenco.

Après une première heure de rythmes déhanchements suaves, Luz Casal est allé vers des zones plus profondes, faisant la preuve qu'elle pouvait aussi mettre sa voix à contribution de pièces plus subtiles et complexes. Sa version de Negra Sombra, poème de sa Galicie natale, s'est avérée un moment très émouvant de ce spectacle, que la chanteuse a conclu lentement et langoureusement, après avoir enfilé une sombre robe de velours.

Si Luz Casal n'avait pas existé, c'est Almodovar qui l'aurait inventée...