Le pari d'Éric Lapointe et du chef d'orchestre et arrangeur Scott Price, était audacieux: jumeler le band du rocker à l'Orchestre symphonique de Montréal en ouverture des 23es FrancoFolies.

Si le rock de guitares et les power ballades de Lapointe se prêtent bien à un accompagnement de cordes ou de cuivres, l'exercice n'est pas pour autant sans risque comme on l'a constaté pendant les chansons plus musclées et plus rythmées dans lesquelles les décibels des guitares réduisaient à un rôle de figurants les 70 musiciens de l'OSM. Pourtant, dans l'ensemble, Lapointe a gagné son pari.

La frange pure et dure des disciples de Lapointe s'était déjà exprimée en début de soirée, un spectateur lançant un «Rock and roll!» tonitruant après la fort belle ballade D'l'amour j'en veux plus pour laquelle Lapointe n'avait gardé Stéphane Dufour à la guitare acoustique pour jouer avec l'OSM. Le rock a repris sa place avec Les Boys et Marie-Stone qui, honnêtement, auraient été à peu près identiques si l'orchestre s'était retiré à ce moment précis.

Juste avant l'entracte, Le météore, dans lequel l'orchestre prenait toute la place, a donné un avant-goût des belles surprises qui nous attendaient par la suite et qui ont culminé avec une Terre Promise forte de la contribution de tous les musiciens.

La plupart des irritants d'hier tiennent sans doute au déséquilibre des forces en présence dans une grande salle et devraient être corrigés sur le CD qui sortira à l'automne. Un album qu'il faudra se procurer pour réentendre l'inédite Regarde bien que Lapointe vient d'écrire pour son fils, une grande chanson dans laquelle rockers et musiciens symphoniques ont cohabité dans l'harmonie et le bonheur.