Elle était pourtant à l'affiche des Francos l'année dernière, la belle Mara, mais le coquin de sort en a voulu autrement. Hernie discale cervicale. Concerts annulés, à l'exception d'une brève et douloureuse apparition «assise sur un tabouret» pendant l'hommage qu'on rendait à Nino Ferrer. L'automne sur le cul, repos forcé. Mara Tremblay a depuis repris les armes parce que le meilleur remède, c'est la musique.

Poussons un «ouf!» collectif et allons applaudir le retour en forme et en force de Mara Tremblay, ce soir au Club Soda, à l'occasion de la première montréalaise différée pour cause d'un disque qui a sauté. On ne parle évidemment pas du savoureux Tu m'intimides, son quatrième, mais bien d'un de ceux qui lui supportent la nuque. Son retour sur scène est attendu.

«Ça fait depuis le mois de janvier que j'ai recommencé [à donner des concerts], je capote ben raide!» lance une Mara visiblement soulagée, retrouvée dans un chouette café de quartier. «Je n'ai plus de maux de tête, plus d'étourdissements», ajoute-t-elle.

Avec une vingtaine de concerts déjà offerts depuis le début de l'année, la vie, disons, normale, a pu reprendre son cours, après avoir été brusquée par des ennuis de santé assez graves qui auront forcé la musicienne à fréquenter, trop souvent à son goût, les hôpitaux durant l'automne.

Ça débalance le «chakra», comme elle dit. Au professionnel, d'abord, car la vie de l'auteure-compositrice-interprète est ainsi cadencée: période de création, phase d'accouchement d'un album, puis la promotion, et ensuite la scène, essentiel contact avec les fans. C'est cette dernière étape que la musicienne a dû retarder, elle qui avait offert l'un des meilleurs albums québécois de l'an 2009, ce transparent et poignant Tu m'intimides.

«Pas seulement la vie professionnelle, insiste-t-elle. La vie tout court qui fout le camp. L'automne, je n'ai pas pu en profiter pour composer, ou pour me reposer et prendre du temps pour moi. J'étais inquiète, je voulais seulement régler le problème pour recommencer à vivre. Lorsque le médecin m'a dit que je pouvais reprendre, j'ai repris.»

Finie la fête

Sans demi-mesures, ajoute-t-elle. «Sauf que je ne fête plus après le concert avec les gars», les guitaristes Olivier Langevin et Jocelyn Tellier, Guillaume Chartrain à la basse et Pierre Fortin à la batterie, qui brilleront à ses côtés ce soir. «Je ne fête plus, mais pendant le concert, j'ai du fun. La musique, la scène, c'est une vraie drogue.»

Et elle mord en plein dedans. Des concerts sont prévus jusqu'en décembre, avec une apparition à l'Autre Saint-Jean (23 juin, au parc du Pélican, avec Fred Fortin, Ariane Moffatt et cie), et une probable rentrée automnale en ville.

Ensuite, nouveau cycle de création; déjà deux ou trois chansons nouvelles lui sont venues, dont une à l'invitation d'un nouveau concept télé qui sera diffusé par ARTV: créer la rencontre entre un artiste et un individu qui a vécu des moments difficiles. Dans le cas de Mara, il s'agit d'une dame victime d'abus, dont elle s'est s'inspirée pour écrire une chanson.

«Une rencontre incroyable, commente Mara. Cette femme m'a forcée à écrire sur autre chose que moi-même, alors que je n'étais pas capable d'écrire autrement.» Et l'artiste d'ajouter: «J'ai hâte de reprendre l'écriture, très hâte. Dans ce temps-là, j'arrête de faire des télés, de donner des entrevues, et je m'enferme dans une bulle et je trippe.»