Paroles, paroles, tout est parfois merveilleusement paroles, comme hier, alors que le slammeur Mohammed se produisait à la tente Pepsi (pleine à craquer) et que Mickaël Furnon et son groupe miCkey[3D] faisaient un malheur au Club Soda, lui aussi bourré de fans (miCkey[3D] y sera de nouveau ce soir).

Précédé par un excellent cinquième album, La grande évasion, miCkey[3D] a eu le très bon goût d'interpréter la majorité des morceaux du disque: Playmobil (sur Sarkozy), 1988, Joseph (une de mes préférées, en duo avec l'adorable Cécile Hercule), La footballeuse de Sherbrooke (inspirée, eh oui, par une fille de Sherbrooke!), L'homme qui prenait sa femme pour une plante (un superbe duo sur la relation de couple), etc. Ça sonnait, ça résonnait, ça dansait, ça rendait heureux, ça fredonnait, ça riait aussi quand Cécile Hercule a chanté un petit air dédié à Jésus (!). Disons que c'était vraiment plus joyeux que lorsque Mickaël était venu seul, il y a deux ans, chanter ses chansons solo (réussies, mais faites pour un cadre vraiment intime).

Ce qui était bien, c'est que le groupe (dont Furnon est le seul membre d'origine, en passant) a également pigé une ou deux chansons dans chacun de ses quatre disques précédents (dont le premier remonte à 1999), réorchestrées pour s'intégrer harmonieusement à la soirée.

Mickaël Furnon a aussi profité de l'occasion pour remercier les 43 Montréalais qui ont accepté de se raser la tête pour figurer dans la vidéo du groupe et aussi pour rappeler que c'était aux FrancoFolies de Montréal qu'il avait découvert un groupe qu'il aimait beaucoup: Malajube. Tout cela pour dire qu'il régnait une atmosphère franchement musicale et estivale au Club Soda, où, on le répète, miCkey[3D] se produit aussi ce soir. Ça vaut la peine de le répéter...

Sans l'ombre d'un doute

Le slammeur Mohammed a intitulé son premier album L'ombre d'un doute. Mais c'est sans l'ombre d'un doute qu'il a ravi et touché la foule réunie sous la tente Pepsi. D'ailleurs, après son texte très fort Frontières sur ce qu'il vit ici comme immigrant, sans amertume ni colère, juste pertinence, il a carrément eu droit à une ovation, tant les spectateurs étaient touchés, ébranlés. Ce n'est pas rien, un texte qui permet soudain de mieux comprendre ce que vit l'autre, le voisin, l'étranger, y compris soi-même... Que ce soit avec ses textes Je sais pas, L'amitié, Le partage, l'inédite Mon amour, Mohammed a marqué des points. Certes, il pourrait encore épurer un peu, élaguer ici et là, mais il y a de pures perles dans ses propos. Et il a une telle présence sur scène que la densité de ses textes est allégée par son humour et son naturel.

Ses trois musiciens - une excellente claviériste, une flûtiste absolument inspirée et le bien bon réalisateur-compositeur Boogat aux programmations - l'ont bien appuyé, même si on sentait qu'ils ne sont pas encore très habitués à jouer ensemble en public. Qu'importe, le spectacle d'hier permettra, on l'espère, qu'ils puissent se produire tous les quatre plus souvent - après tout, le bouche à oreille, n'est-ce pas le slam par définition?