Le contenu de Labyrinthes, dernier album de Malajube lancé il y a plus d'un an, a été joué près de 130 fois sur scène. Sauf quelques festivals estivaux «pour garder la main», le cycle de Labyrinthes tire à sa fin. D'où cette volonté de boucler la boucle de belle façon au Théâtre Maisonneuve avec le concept Cubes rubiques.

«Je me souviens encore du premier show à La Tulipe, ce n'était pas prêt. On n'avait pas loué de salle pour répéter les nouvelles chansons, on ne pouvait sentir les tounes dès le départ. Au départ, donc, c'était un peu carré, un peu technique. Le répertoire a vraiment pris forme sur la route», se souvient Julien Mineau.

 

Le répertoire du prochain album est pratiquement prêt pour l'étape du studio, prévue en septembre prochain, indique le chanteur. À Montréal comme à Sainte-Ursule, là où vit Julien Mineau, les nouvelles chansons rock ont été créées au cours des derniers mois. On se souvient également de la sortie de Contrôle en décembre dernier, dont les chansons sont tirées des sessions de Labyrinthes offertes aux fans en téléchargement et sur vinyle pressé en quantité limitée avec pochettes artisanales assorties.

«Depuis Noël, nous avons travaillé fort. Ces pièces se résument par une synthèse de nos forces. Et je crois que ce sera plus joyeux. On essaie d'y retrouver l'esprit que nous avions au départ. On veut faire plus de bien que de mal, proposer des musiques positives. Et très fortes en rythmes.»

On le sait, Malajube est charpenté sur le groove rock, avec une attitude presque jazz-rock vu la cohésion exceptionnelle du band au plan rythmique.

«C'est vrai, c'est presque jazz, du moins dans l'esprit de nos jams. On a un super bon batteur (mon cousin Francis Mineau) pour assurer le groove, mais on se ressemble pas mal tous sur ce plan. On aime modifier les passes, on se tannerait de toujours refaire la même chose. Par ailleurs, on est tous capables de jouer de plusieurs instruments, c'est ça qui est le fun. On n'est virtuoses dans rien, mais on a acquis une vraie cohésion. Jamais un instrument ne se retrouve trop à l'avant.»

Malajube offre une musique de composition. Au lieu de la performance individuelle, ses membres préfèrent clairement la force de frappe. Collective, il va sans dire. «Faut que ça se mélange bien. On n'a pas d'influences directes, c'est tellement flou! On préfère s'arranger comme ça, car ce serait trop facile d'emprunter directement. On essaie donc d'agencer des trucs qui n'ont pas été agencés encore. Suggérer un peu de neuf.»

D'ici le prochain album, donc, place aux relectures spectaculaires, francofolles et même cinématographiques : ces dernières semaines Malajube a été évoqué pour la bande originale du film anglo-montréalais The Trostky. «C'est Jacob Tierney, le réalisateur, qui nous a approchés, indique Julien. Il a écrit son film en pensant à notre musique. Il est un franco-anglo; issu des deux cultures, il a même déjà joué dans Watatatow dans le temps. Nous sommes de la même génération.»

Pour créer une quarantaine de minutes de musique destinée à cette bande originale, Malajube a repris des jams de studio de Trompe-l'oeil et de Labyrinthes qui ne se sont pas retrouvés sur ces albums. «Avec Thomas (Augustin), j'ai aussi créé des passages plus acoustiques pour certaines scènes du film», précise Mineau.

«Grosso modo, il s'agissait de faire en sorte que la musique puisse marcher avec l'image; concevoir les meilleurs montages possibles. J'ai repatenté nos enregistrements. Tous ces petits bouts à coller aux scènes du film, ça a finalement été tout un travail à abattre!»

Trois chansons de Malajube sont aussi jouées dans The Trotsky, sans compter d'autres titres de groupes canadiens d'expression anglaise - The Stills, Hollerado, Sébastien Grainger (Death from Above), K'Naan. Voilà qui confirme une fois de plus l'ascendant de Malajube auprès de la communauté anglophone, bien au-delà de la montréalaise.

«Devrions-nous faire un album en anglais à notre tour? Peut-être... Pour l'instant, en tout cas, ça ne sort pas en anglais. Quand on était plus jeunes, on chantait en anglais mais on a fini par avoir l'impression qu'on se jouait une game. Un peu gênant... Mais ça pourrait se faire, peut-être un jour. En tout cas, ce n'est pas pour tout de suite. Le Québec est petit, c'est quand même ici que c'est plus le fun pour nous.

«Au départ, on ne voulait pas faire carrière seulement au Québec. Aujourd'hui, on essaie de ramener ça un peu plus ici. On veut encore aller partout mais on se rend compte que le monde est un gros marché à couvrir. Vraiment pas facile. Prends l'Allemagne, si on attire 200 personnes dans une petite ville là-bas, on est ben contents.

«En France? Nos entrées y sont très limitées. Pour l'Europe, nous sommes avec un label allemand, les professionnels français n'apprécient pas. Ils nous trouvent bizarres... Pour percer en France, en fait, il faudrait passer beaucoup de temps, et je ne sais pas si ça nous tente vraiment.»

Cubes rubiques, soirée spéciale offerte par Malajube sera présentée à 20h, lundi au Théâtre Maisonneuve dans le cadre des FrancoFolies de Montréal.