Le Festival d'été de Québec (FEQ), qui compte sur un modèle d'affaires bien à lui et un virage «big» entrepris il y a environ cinq ans, jongle avec le plus important budget de programmation au pays pour un événement musical. Pour souligner le début du festival, ce soir, tout autour des Plaines, voici notre entrevue avec le directeur général Daniel Gélinas et le nouveau directeur de la programmation Louis Bellavance.

«Je veux un branding fort, que les gens disent: «Ce soir, je vais au Festival d'été». Je ne veux pas que les gens aillent voir tel ou tel spectacle», lance Louis Bellavance.

Voilà ce qui pourrait résumer la mission du nouveau directeur de la programmation du Festival d'été de Québec, arrivé l'automne dernier «en sauvetage», à la suite du controversé congédiement de Dominique Goulet après 17 ans de service - il y a eu entente après que cette dernière ait déposé des plaintes à la Commission des normes du travail.

Officiellement en poste depuis octobre dernier, Louis Bellavance et son équipe ont travaillé à bâtir une «programmation soutenue soir après soir». L'an dernier, par exemple, les soirs des spectacles de Metallica et d'Elton John étaient trop forts par rapport aux autres jours «de remorque» du festival. Pour ce faire, ils se sont notamment inspirés du succès de la programmation équilibrée de 2010, considérée comme une année «modèle».

Lorsqu'on consulte la liste et l'horaire des quelque 300 spectacles, qui commencent ce soir jusqu'au 15 juillet, on peut presque déjà dire mission accomplie pour 2012.

La programmation est variée: de grosses vedettes (Bon Jovi, Aerosmith, Lionel Richie), de la pop (LMFAO), du rock (Offspring), du hip-hop (Big Boi), de l'électro (Skrillex), de l'indie-rock (Patrick Watson, City and Colour), des vedettes françaises (Johnny Hallyday), des artistes québécois et émergents (Vincent Vallières, Ariane Moffatt, Marie-Pierre Arthur), mais aussi de grands noms du jazz, du world et de la musique classique.

«La foule de Québec est très rock, mais il faut prendre le pari de toucher d'autres clientèles et les jeunes», explique Louis Bellavance.

Modèle hybride

De 1968 à aujourd'hui, le budget du FEQ est passé de 5000$ à 23 millions. Au fil du temps, le festival généraliste a créé un modèle d'affaires hybride: une formule payante à bas prix qui permet de voir de grandes vedettes internationales.

«Nous, la vedette est dehors», affirme Daniel Gélinas.

Au coût relativement bas d'environ 60$, les 150 000 laissez-passer en vente s'écoulent rapidement. «On veut offrir du contenu très fort et des gros noms au plus bas prix possible», explique M. Gélinas.

Partout en province, les festivals se multiplient et prennent de l'envergure en dehors des grands centres. «Tout le monde grossit. On va voir où ça ira... Avec la crise économique en Europe, des festivals se sont plantés, note Daniel Gélinas. La décision des artistes de participer à un festival dépend à 50% de l'accueil et de la technique. Il faut pouvoir les recevoir.»

Et entre les gros festivals, est-ce qu'il y a collaboration? On se souviendra entre autres de la mésentente avec Spectra en raison du déménagement des FrancoFolies en juin. «L'idée est d'expliquer clairement ses orientations et de respecter les priorités de chaque festival, dit Daniel Gélinas. Le déménagement des Francos en juin ne nous a pas dérangés, car on avait déjà entamé notre virage.»

Contenu en français

En ce qui concerne le contenu en français depuis l'arrivée des vedettes anglophones, Daniel Gélinas rappelle qu'il verse annuellement plus de 2 millions de dollars de cachets aux artistes francophones. «Cette année, Vincent Vallières recevra son plus important cachet en carrière avec des gros moyens techniques pour son spectacle.»

Pour la petite histoire, mentionnons que c'est Spectra qui gère la carrière de Vallières. Soulignons aussi que Louis Bellavance a déjà travaillé chez evenko et Spectra (André Ménard est même son beau-père), donc il entretient de bonnes relations avec les autres principaux promoteurs du Québec. Le Festival d'été et evenko ont d'ailleurs fait équipe pour attirer Aerosmith et LFMAO au Québec en leur offrant deux spectacles plutôt qu'un. On note aussi des collaborations avec le Festival de jazz et Nuits d'Afrique.

«C'est essentiel, dit-il. Mais il nous faut aussi des exclusivités.»

Le Festival d'été de Québec commence ce soir avec le spectacle Le Français d'abord, coanimé par Stéphane Rousseau et Claudia Tagbo, qui met notamment en vedette Yves Duteil, Zachary Richard, Angélique Kidjo, Cali, Claude Dubois, Isabelle Boulay, Lynda Lemay, Marie-Mai et Grand Corps Malade.