Cecilia Bartoli, Karl Jenkins, le Royal Concertgebouw... ce ne sont que quelques-uns des noms prestigieux que le nouveau directeur artistique du Festival de Lanaudière, Gregory Charles, rêve de faire venir à Joliette au cours de son mandat dans les prochaines années.

Le milieu musical a été pris de court, il y a deux semaines, lorsque l'on a appris dans les pages du Devoir que le chanteur, pianiste et animateur propriétaire de Radio-Classique occuperait le poste laissé vacant depuis le départ d'Alex Benjamin, l'automne dernier.

«J'ai été invité à postuler, dit Gregory Charles. C'est quelque chose qui ne m'avait jamais effleuré l'esprit. En discutant avec le comité de sélection, on m'a demandé dans quelle direction je pensais que ça devrait aller, et à la lumière de mes réponses, on m'a dit que je pourrais bien être l'homme de la situation. Les festivals, je connais ça. J'en ai géré quelques-uns et j'en ai créé quelques-uns. Ce n'est pas facile, c'est un combat perpétuel.»

«Au début, il faut se battre pour avoir une identité, et ensuite se battre pour que cette identité reste actuelle et pertinente.»

Les défis ne manquent pas pour un festival de musique classique: le financement, le renouvellement du public, la prolifération de l'offre et la faiblesse du dollar canadien qui rend plus difficile d'inviter des orchestres étrangers, entre autres.

«Par réputation, Lanaudière est le plus important festival de musique classique au Canada, mais aujourd'hui, il y a plus de festivals qu'il y a 40 ans : Classica et la Virée classique, par exemple, n'existaient pas à cette époque.»

Ce qui a motivé Gregory Charles à accepter de relever ces défis, c'est le sentiment d'être dans la continuité du regretté père Lindsay, fondateur du festival.

«J'ai connu le père Lindsay en allant à son camp musical. En dehors du fait que nous ayons tous les deux la foi, on a des choses en commun, comme d'avoir dirigé des chorales, d'aimer travailler avec les jeunes, de lancer des festivals, d'être passionnés de musique. J'irais même plus loin en disant que son rêve était d'avoir un amphithéâtre, et il l'a réalisé. Mon rêve était d'avoir des salles de spectacle, et j'en ai eu.»

Élargir le classique

La venue de Gregory Charles à Lanaudière n'est pas sans soulever certaines craintes, qu'il estime mal fondées.

«J'ai fait beaucoup de musique populaire, mais j'ai une formation classique, dit-il. Sauf que ma musique classique à moi n'est pas celle que mes professeurs avaient. J'ai une définition plus large du terme classique. Ce n'est pas un terme facile à cerner, mais quelque part, on peut le définir par ce qui résiste au test du temps. Les gens avaient peur, aussi, quand j'ai acheté Radio-Classique, et la réalité, c'est que depuis que je suis là, il y a plus de musique classique qu'avant qui joue à la station. Je ne propose pas une révolution, mais une évolution.»

La programmation du festival pour l'été prochain ayant largement été conçue par son prédécesseur, les mélomanes ne verront pas d'énormes changements dans l'immédiat. Gregory Charles y a ajouté quelques spectacles liés à son émission Virtuose et invité le ténor Marc Hervieux.

«Ma responsabilité sera de mettre la programmation sur les rails pour les trois ou quatre prochaines années. Un festival comme Lanaudière a besoin de quelqu'un qui pense au contenu, à comment le réaliser et à comment le vendre au public.»

«Je ne viens pas à Lanaudière pour amener de la pop, mais pour élargir la notion de classique.»

«C'est binaire de penser que parce qu'on embauche Gregory Charles, le festival va devenir populaire. Qui a mis 10 millions dans une station de radio classique au Québec? Moi. Qui a créé une émission de télé pour les jeunes musiciens ? C'est encore moi. J'ai amplement prouvé mon amour pour la musique classique. Ma vision est aussi que Lanaudière devrait servir de tremplin aux jeunes talents.»

Pour lui, on doit également faire la pédagogie de la musique classique, et Lanaudière joue un grand rôle à cet égard.

«On peut avoir des idées fantastiques, présenter des concerts innovateurs, et programmer des oeuvres de compositeurs qu'on entend moins souvent, Penderecki par exemple. Pour pouvoir développer les futurs Yannick Nézet-Séguin, il faut oser les projets audacieux et faire ce que personne d'autre ne ferait, mais il faut prendre le temps d'expliquer tout cela aux gens.»

Les points forts de la programmation 2017

Concert inaugural

L'OSM lancera la saison sous la direction de Kent Nagano avec le pianiste Alain Lefèvre et l'organiste Jean-Willy Kunz. Ce dernier interprétera la pièce pour orgue et orchestre A Globe Itself Infolding, de Samy Moussa, sur un orgue électronique, tandis que Lefèvre jouera le Concerto en sol de Maurice Ravel. L'orchestre interprétera la Symphonie no 5 de Gustav Mahler.

Le 1er juillet, 20 h, à l'amphithéâtre Fernand-Lindsay.

I Musici et les Violons du RoyLes deux orchestres de chambre se réunissent sous la direction de Jean-Marie Zeitouni et de Bernard Labadie pour présenter trois programmes de symphonies en deux jours, incluant les symphonies no 3, 5 et 7 de Beethoven, la Symphonie no 40 de Mozart, la Symphonie no 104 dite Londres de Haydn ainsi que l'Inachevée de Schubert.

Les 8 et 9 juillet, à l'amphithéâtre Fernand-Lindsay.

Musique de chambrePlusieurs concerts de musique de chambre ponctueront le festival. Le Quatuor Jupiter poursuivra son intégrale des quatuors de Beethoven entreprise l'an dernier tandis que Stéphane Tétreault, Marie-Ève Scarfone et le Quatuor Saguenay présenteront trois programmes de musique viennoise. De nombreux récitals de piano sont aussi au programme dans les églises de la région, notamment avec Marc-André Hamelin, Charles Richard-Hamelin et Luca Buratto.

Chefs-d'oeuvre romantiquesL'OSM reviendra deux fois à Lanaudière au cours de l'été pour des concerts de musique romantique dirigés par Kent Nagano. Le 4 août, 20 h, on entendra le Concerto pour piano no 1 de Tchaïkovski avec la pianiste russe Yuliana Avdeeva, ainsi que la Symphonie no 2 de Brahms. Dès le lendemain, 20 h, l'orchestre sera de retour dans le merveilleux Requiem de Fauré avec la soprano coréenne Sumi Jo, le baryton québécois Jean-François Lapointe et l'Ensemble choral du Festival. Ces deux concerts seront présentés à l'amphithéâtre Fernand-Lindsay.

L'OM et ParsifalLe concert de clôture promet d'être épique avec la présentation de l'opéra Parsifal, de Richard Wagner, avec l'Orchestre Métropolitain sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. Solistes: Christian Elsner (Parsifal), Mihoko Fujimura (Kundry), Peter Rose (Gunemanz), Boaz Daniel (Klingsor), Brett Polegato (Amfortas) et Thomas Goerz (Titurel). Un spectacle qui dure plus de cinq heures en incluant les entractes.

Le 6 août, 17 h, à l'amphithéâtre Fernand-Lindsay.