Elle possède sa propre maison de disques. Elle était nue - ou presque - sur la pochette de son premier album. Chaque année, elle expédie 1600 cartes de Noël qu'elle écrit à la main. Elle a un iguane du nom de Cain comme animal de compagnie. Le moins qu'on puisse dire, c'est que Lara St. John n'est pas très conformiste. La violoniste canadienne sera au Festival de Lanaudière le 23 juillet pour interpréter la trame musicale du film Le violon rouge, de François Girard, lors d'une projection en direct avec orchestre.

Née à London, en Ontario, Lara St. John parle très bien le français. Son père, parfaitement bilingue, enseignait la langue de Molière. Enfant prodige, elle a commencé le violon à 2 ans et, à 4 ans, elle jouait avec un orchestre pour la première fois. Elle vit aujourd'hui à New York et sa carrière internationale est florissante. Propriétaire de la maison de disques Ancalagon, elle aime les projets qui sortent de l'ordinaire.

«Comme propriétaire d'étiquette de disques, je pourrais enregistrer le Concerto de Mendelssohn demain matin. Il y a déjà tant de versions, ça ne m'attire pas. Je déteste l'ennui.»

L'événement musical concocté par le Festival de Lanaudière est une première mondiale. On projettera Le violon rouge sur grand écran tandis que l'Orchestre du Festival, sous la direction de Dina Gilbert, interprétera la musique de l'Américain John Corigliano, qui avait remporté l'Oscar de la meilleure trame musicale originale en 1998. Le tout en présence de François Girard lui-même.

«Cette trame musicale est tellement belle que le film ne serait pas le même sans elle, dit Lara St. John. De plus, je suis devenue amie avec John Corigliano avec qui j'ai voyagé en Chine et au Japon pour y jouer les premières nationales de certaines oeuvres.»

Un violon sorti d'outre-tombe

Ce sera la première fois qu'elle interprétera la trame sonore dans son intégralité.

«Je reste plus de deux heures sur scène, bien que je ne joue pas sans arrêt, dit-elle. Parce qu'il y a très souvent un violoniste à l'écran, il faut que je sois absolument parfaite, à la fraction de seconde près, contrairement à d'autres projections avec orchestre où un petit décalage de quelques secondes n'a pas trop d'impact.»

Fait inusité, l'histoire de son propre violon, un Guadagnini 1779 fabriqué à Turin, a des points communs avec celle, fictive, du violon rouge de Girard que l'on voit enterré, dans le film, avec un de ses propriétaires.

«Dans les années 20, il a appartenu à un jeune violoniste issu d'une famille riche en Californie, et ce jeune homme est mort à 17 ans de la tuberculose, raconte-t-elle. Quand ils ont déposé son corps dans le mausolée familial, ils ont mis le violon avec lui, où il est resté pendant des années, jusqu'à ce que la Grande Dépression oblige la famille à ressortir le violon pour le vendre.»

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À l'amphithéâtre Fernand-Lindsay le 23 juillet, 20 h, dans le cadre du Festival de Lanaudière.