Le pianiste néerlandais Ronald Brautigam avait fait grande impression à Lanaudière en 2010. Il y revient cette fois pour trois concerts. L'homme a maintenant 59 ans mais, comme il y a trois ans, la présentation est exactement la même. Citons donc notre description d'alors: cheveux gris en broussaille, simples chemise et pantalon noirs de travail.

Ami des pianos anciens, M. Brautigam avait, en 2010, joué Chopin sur un authentique Pleyel de 1848. Il devait reprendre le Pleyel mardi soir, mais l'instrument en réparation fut remplacé par un piano moderne, un Yamaha. Par contre, son premier concert, lundi soir, fut bel et bien donné sur un piano ancien, cette fois une copie, et avait attiré un public très nombreux à Sainte-Mélanie.

Pour son troisième et dernier concert, samedi soir à l'Amphithéâtre, il jouera le troisième Concerto de Beethoven sur un piano moderne.     

Mardi soir, à Saint-Alexis-de-Montcalm, il avait consacré la première moitié du programme à Mendelssohn; après l'entracte, il joua le Quatuor op. 47 de Schumann avec Olivier Thouin au violon, Yukari Cousineau à l'alto et Sylvain Murray au violoncelle. Ce Schumann nous valut une sorte de rencontre OSM-OM puisque MM. Thouin et Murray font partie du premier et Mme Cousineau, du second.

M. Brautigam a joué toute la partie Mendelssohn avec la partition devant lui. La chose étonne dans le cas des Variations sérieuses, la plus célèbre et sans doute la plus belle des oeuvres pour piano du compositeur. Tous les pianistes de carrière jouent cela par coeur. Mais on peut le comprendre de ne pas avoir mémorisé le reste, qui est beaucoup plus inégal. Quoi qu'il en soit, il offrit de l'ensemble une exécution techniquement en place, toujours intéressante sur le plan musical et, surtout, spontanée: jamais il ne donnait l'impression de lire.

Il joua d'abord le troisième cahier des Lieder ohne Worte, appelés en français Romances sans paroles ou préférablement Chants sans paroles. Mendelssohn en a écrit plus de 50 mais il en a réuni 48 en huit cahiers de six pièces chacun. Les 17 Variations sérieuses - le titre français est de lui - mêlent traits de virtuosité et épisodes rêveurs. Le pianiste rendit ce contraste en grand musicien.

La troisième oeuvre était la Fantaisie en fa dièse mineur, op. 28, oeuvre en trois mouvements enchaînés qu'on appelle aussi Sonate écossaise. C'est une chose assez négligeable que le pianiste rendit cependant avec tout le brio voulu, faisait même la longue reprise au Presto final. Le programme imprimé annonçait erronément Fantaisie écossaise et identifiait approximativement le Quatuor de Schumann.

Le Schumann reçut une interprétation solide et inspirée. Un orage éclata pendant le Scherzo et causa une brève panne de courant, ce qui força les musiciens à recommencer le morceau. Mention ici au chant de violoncelle de Sylvain Murray.

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RONALD BRAUTIGAM, pianiste, OLIVIER THOUIN, violoniste, YUKARI COUSINEAU, altiste, et SYLVAIN MURRAY, violoncelliste. Mardi soir, Église de Saint-Alexis-de-Montcalm. Dans le cadre du 36e Festival de Lanaudière.