Les amateurs de piano qui ont suivi avec intérêt le Concours musical international de Montréal en 2011 se souviennent de l'incandescente Italienne Beatrice Rana, la plus jeune concurrente, qui, à 18 ans, avait raflé tous les honneurs.

Beatrice Rana est de retour avec son mentor de longue date et ancien professeur Benedetto Lupo, en compagnie des Violons du Roy à Lanaudière. Ils interpréteront le Concerto pour deux pianos et orchestre, K. 365 de Mozart, sous la direction de Bernard Labadie. Benedetto Lupo, visiteur régulier de nos salles de concert, a été son professeur pendant plusieurs années au Conservatoire Nino Rota. Elle étudie maintenant à Hanovre avec l'Israélien Arie Vardi, qui a compté parmi ses élèves Yefim Bronfman et Yundi Li, entre autres. La jeune femme se dit très heureuse de retrouver son ancien professeur pour ce concert.

«Il a été pour moi plus qu'un professeur, c'est mon mentor et il a toujours été important dans ma vie, dit-elle. Nous nous parlons et nous écrivons régulièrement, je lui demande conseil.»

Depuis qu'elle a remporté le premier prix au CMIM, Beatrice Rana a poursuivi ses études tout en faisant ses débuts avec plusieurs orchestres. Elle poursuivra sur cette lancée au cours de la prochaine saison et sera très présente en sol canadien, donnant des concerts avec les orchestres symphoniques de Québec, Edmonton, Saskatoon et Winnipeg.

«Il faut bien l'admettre, gagner le concours de Montréal a complètement changé ma vie, dit-elle. Comme beaucoup de musiciens de mon âge, j'ai rêvé d'une carrière internationale, et cette victoire a rendu mon rêve possible. Cela ne fait qu'un an et déjà, j'ai eu l'occasion de partager ma musique avec une foule de gens.»

Les Préludes de Chopin

Elle sera également l'invitée de Pro Musica en février prochain à la Salle Bourgie, une occasion de l'entendre jouer le programme principal de son premier disque, enregistré chez ATMA et disponible à la fin octobre: les 24 Préludes de Chopin, op. 28.

Elle explique son choix pour ce premier enregistrement: «Je me sens proche du Chopin des Préludes. Il avait presque mon âge quand il a commencé à composer l'opus 28, même s'il lui a fallu beaucoup de temps pour arriver au résultat final. J'ai abordé les Préludes pour la première fois quand j'avais 15 ans. Le défi est d'en faire une seule et immense pièce, unie dans une perspective personnelle. Avoir la possibilité de les enregistrer et de partager la vision que j'en ai, cela aussi est la concrétisation d'un rêve.»

Une enfant prodige

Élevée au sein d'une famille de musiciens, elle a commencé le piano à 4 ans, et déjà, à 9 ans, faisait ses débuts en tant que soliste. Enfant prodige, elle recevait à 12 ans une bourse du ministère italien de l'Éducation et à 16 ans, son diplôme du Conservatoire Nino Rota.

On ne sera pas étonné d'apprendre que dès son enfance, Martha Argerich a été sa première idole du piano. «Non seulement pour sa technique stupéfiante, qui est ce qui vous frappe en premier quand vous êtes une fillette de 10 ans, mais pour le génie de ses prestations. J'aime aussi Arrau pour sa profondeur, Clara Haskil pour sa simplicité, et Rubinstein pour son autorité. Parmi les jeunes pianistes d'aujourd'hui, j'admire Rafal Blechacz [lauréat du Concours Frédéric-Chopin en 2005], Evgeni Bozhanov, et chez les plus âgés, Kissin, Barenboim et Zimerman.»

Beatrice Rana, en récital à Orford (salle Gilles-Lefebvre), demain, à 16h, et à Lanaudière (Amphithéâtre Fernand-Lindsay), avec Benedetto Lupo et les Violons du Roy, le 20 juillet, à 20h.