La musique se veut plus légère le dimanche après-midi au Festival de Lanaudière. En plus d'oeuvres classiques très populaires, on y entend jazz, musique du monde ou chanson française. Le trio Bataclan et la Sinfonia de Lanaudière ouvrent le bal cette année, avec un concert consacré aux danses du monde.

Bataclan, c'est un ensemble musical étonnant où se marient le clavecin, le basson et le bandonéon. Catherine Perrin, animatrice bien connue de Radio-Canada, mais aussi claveciniste accomplie, s'y adonne au tango avec ses complices, Denis Plante et Mathieu Lussier.

Les apparitions du trio seront insérées dans un programme où la Sinfonia de Lanaudière, dirigée par Stéphane Laforest, interprétera seule d'autres danses variées: valses de Strauss, danses slaves et hongroises, mélodies italiennes et flamenco. L'orchestre de chambre lanaudois accompagnera aussi Bataclan dans ses prestations.

«L'orchestre va ajouter une couche d'intensité qui ramènera ce que nous faisons à un niveau encore plus proche du tango nuevo à la Piazzolla, dit Catherine Perrin. Les cordes vont rapprocher nos pièces de l'esprit latino et du tango orchestral.»

Du tango au clavecin? L'idée peut sembler contre-nature. Mais aussi insolite que cela puisse paraître, il y a certaines affinités entre l'instrument baroque et les couleurs du tango, explique la musicienne.

«Le clavecin, assez bizarrement, est un bon instrument pour jouer cette musique, à cause des différentes personnalités qu'il peut prendre. C'est un instrument harmonique, qui peut tantôt remplacer le piano, mais donne aussi parfois l'impression de remplacer la guitare parce qu'il a des cordes pincées. Pour rendre le clavecin sensuel, le seul moyen est d'arpéger les accords. Cela a parfois un petit côté rasgueado, comme quand on gratte les accords d'une guitare.»

Le premier claveciniste connu à avoir eu l'idée de jouer du tango au clavecin fut le franco-argentin Mario Raskin, qu'elle a côtoyé pendant ses études. Celui-ci a enregistré avec un collègue deux disques de tango arrangé pour deux clavecins. Quelques mois avant la mort d'Astor Piazzolla, il lui avait fait parvenir un enregistrement. Le maître lui avait téléphoné pour dire qu'il trouvait que cela sonnait bien.

La genèse du trio

Bataclan, qui a enregistré l'an dernier un premier album d'inspiration latino-américaine, est né d'une idée lancée par Denis Plante, compositeur et interprète du bandonéon. Les trois amis se sont réunis pour expérimenter cette combinaison inusitée, et chaque instrument a su trouver sa place au coeur du tango.

«Dans cette musique, le bandonéon se retrouve complètement libre, mais les autres instruments doivent être très solides et soudés pour que le soliste puisse avoir cette liberté, dit Catherine Perrin. Mathieu Lussier et moi avons une formation classique. Nous formons un ensemble qui laisse cet espace de liberté à la ligne du bandonéon. C'est là qu'on se complète bien tous les trois.»

Les dimanches après-midis suivants du Festival présenteront du swing avec le Blok Note Big Band (18 juillet), Jacques Prévert avec Angélique Duruisseau (25 juillet), Mozart et Schumann avec le Deutsche Kammerphilharmonie Bremen (1er août), et un programme d'airs connus du répertoire classique avec Orford Six Pianos (8 août).

Sinfonia de Lanaudière et Bataclan, demain 11 juillet, 14h, à l'Amphithéâtre.