Depuis le XIXe siècle, Cuba n'a cessé d'engendrer des légions de musiciens fabuleux. Dans les années 60, l'arrivée des professeurs soviétiques avait créé un autre boum dans l'éducation musicale de l'île, tradition de haute virtuosité qui se poursuit depuis lors.

Harold López-Nussa, piano et chant, son frangin Ruy López-Nussa, batterie, et César González, basse, sont tous trois tributaires de cette culture musicale à part, voire l'une des plus importantes du monde.

Le leader de ce trio est un autre exemple éloquent de cette culture pianistique si dominante, à l'instar des David Virelles (qu'on a vu exceller plus tôt hier soir aux côtés de Ravi Coltrane), Fabian Almazan, Ramon Valera, Roberto Fonseca ou Roberto Carcasses Jr; ces fabuleux trentenaires issus de Cuba se sont imposés très jeunes sur la planète jazz.

Ce qu'on a vu et entendu hier au Gesù illustrait cet incroyable niveau atteint par les meilleurs jazzmen cubains, sans que l'on puisse conclure pour autant à une révolution du langage musical.

En fait, Harold López-Nussa et ses collègues font preuve d'une expertise et d'un savoir connus: jazz moderne américain, musiques classique et contemporaine d'Occident, musiques cubaines préjazzistiques, diversité de rythmes afro-cubains, vaste culture latino-américaine, funk, et plus encore.

Ainsi, les compositions, improvisations et exécutions au programme de jeudi puisaient dans cet immense bagage et ses interprètes s'appliquaient à le maîtriser à la manière des grands musiciens classiques. C'est déjà énorme. Pour vous en convaincre, écoutez El Viaje, le plus récent opus d'Harold López-Nussa, sous étiquette Mack Avenue. Mais... rien ne vaut la performance en vrai, n'est-ce pas?