Cinq musiciens se sont lâchés au Monument-National : Terence Blanchard, trompette et claviers, Taylor Eigsti, piano et claviers, Oscar Seaton, batterie, Matt Sewell, guitare, Josh Harim, basse.

Voilà cet E-Collective, projet du trompettiste Terence Blanchard.

Quoi de neuf sous la lune néo-fusion ? Hier soir, des tonnes de compétence... et peu de choses apparentes.

On observait d'abord la lutherie dernier cri au programme : le leader était équipé d'un clavier, d'un ordi armé de logiciels et de multiples pédales dont l'objet était de filtrer le son de sa trompette. Les autres musiciens, eux, s'exprimaient sur des équipements plus traditionnels.

Tous produisaient ensemble une musique électro-fusion inscrite dans cette tradition fondée sur des polyrythmes inspirés du funk, du rock ou encore de ces breakbeats générés par les machines dans un contexte hip-hop, et reproduits cette fois par des musiciens en chair et en os.

Les structures ici suggérées restent ouvertes à de grands espaces propices à l'improvisation et... au déploiement des exploits individuels chargés de testostérone. 

Foire de technique ? Ce à quoi Terence Blanchard et ses amis aspirent, en tout cas, n'est certes pas ce fusak (fusion + musak = fusak) dont l'objet est de stimuler la clientèle des grandes surfaces, mais bien un mélange de muscles et de neurones. Le compositeur a la profondeur conceptuelle des meilleurs jazzmen, rien à voir avec ces acrobates de la gamme que l'on voit s'esbaudir derrière les animateurs de talk-shows télévisés.

Les oreilles averties auront sûrement apprécié l'articulation virtuose du guitariste et du claviériste, la qualité des frappes très funk et des polyrythmes parfaitement maîtrisés du batteur, le groove savant du bassiste nouvellement recruté, les textures nouvelles et les lignes originales du trompettiste.

Cette approche post-Miles Davis (en mode électrique) est pertinente lorsque les musiciens construisent un son collectif sur un édifice compositionnel. Toutefois, dans le contexte d'un groupe reconstitué pour les besoins de la tournée (seuls le batteur et le chef sont de la formation régulière), on a certes droit à de solides exécutions... sans la chimie des grands soirs.