Ambrose Akinmusire, trompette ; Harish Raghavan, contrebasse ; Sam Harris, piano ; Justin Brown, batterie. Sous la direction du trompettiste californien, nous avons eu droit jeudi soir à l'un des quartettes les plus accomplis du jazz acoustique.

À la fois classique et contemporain, à la fois visionnaire et respectueux du passé, cet ensemble proposait au Monument-National ce que le jazz d'aujourd'hui a de mieux à offrir. Cohésion exemplaire entre quatre musiciens, équilibre idéal entre le legs harmonique du jazz et ses explorations actuelles, brillants concepts polyrythmiques, lyrisme, dynamique exemplaire, haute teneur en émotions.

Tonalité, modalité, atonalité, haute virtuosité dans toutes ces trajectoires empruntées.

Nous ne sommes pas ici sur le territoire du jazz-divertissement, mais bien du côté de la substance, de l'élévation, de la nourriture pour l'âme. Les expressions individuelles y sont aussi remarquables : superbe articulation et richesse du timbre de la trompette, profondeur et singularité harmonique des claviers, clarté rythmique et riche sonorité de la contrebasse, liberté sismique de la batterie.

Qui plus est, Ambrose Akinmusire et ses collègues proposent une diversité de climats, d'émotions, d'explorations. Nous assistons à une quête authentique, en liaison directe avec plus de 120 ans de jazz, progressivement hybridé avec la musique classique contemporaine, le tout exécuté par de brillants interprètes et improvisateurs aux multiples origines (africaine, caucasienne, indienne) témoignant d'une grande curiosité intellectuelle.

Voilà qui nous mène ainsi sur le territoire de la grande musique, à écouter en boucle sous étiquette Blue Note.