«Une programmation traversée de courants aussi divers qu'excitants.» Voilà comment André Ménard qualifie la proposition éclectique du 37e Festival international de jazz de Montréal. Près de 140 concerts y seront offerts du 29 juin au 9 juillet. «Nous sommes fiers de l'équilibre atteint entre la cohorte de grands musiciens qui nous sont fidèles et notre préoccupation de renouveler le casting et les contenus, sans s'éloigner pour autant de notre facture initiale», explique le directeur artistique et cofondateur du FIJM. Aperçu de la programmation en cinq thèmes.

Plus grand commun dénominateur

Les chanteurs jazzy pop Melody Gardot et Stacey Kent poursuivront leur conquête du plus grand dénominateur commun. Rufus Wainwright présentera son opéra Prima Donna. L'ex-Fugees Lauryn Hill tentera un retour en force avec une paire de concerts. Le légendaire «Beach Boy» Brian Wilson rejouera l'intégrale de son opus fabuleux Pet Sounds. L'ex-Oasis Noel Gallagher poursuivra sa quête de la brit pop parfaite. La soul-funk-disco de Kool and the Gang fera se trémousser les nostalgiques. Les fans d'indie folk seront servis: Cat Power, Brandi Carlile, The Tallest Man on Earth... Les plus grandes salles du FIJM seront aussi consacrées à la chanson mexicaine de Lila Downs, au groove louisianais de Trombone Shorty, au R & B jazzy de Gregory Porter, au blues du vétéran Taj Mahal ou à l'approche jazzy-Broadway-pop de l'Anglais Joe Jackson.

Électro, rock, pop de création

Le jazz a le dos très large au FIJM. La sélection qui suit fait état de cousinages plus ou moins éloignés. D'ici, on aura droit aux nouveaux spectacles de Ghislain Poirier en mode afro-caribéen, du chanteur folk Ian Kelly et du groupe Radio Radio. Les fans de Champion seront comblés par le retour de son blues-rock technoïde. Les work songs seront ressuscités par Betty Bonifassi. Les férus de talents locaux retrouveront Terez Montcalm ou la folk pop revivifiée par NEeMA et The Wainwright Sisters. De l'étranger, on aura droit à la pop électro de Jay-Jay Johanson, au néo-psychédélisme rock de Peter Bjorn and John, à la dégaine de la chanteuse afro-brit ALA.NI. Venu d'encore plus loin, le groupe rock le plus influent issu du Moyen-Orient, Mashrou' Leila, reviendra à Montréal. Du Brésil, Céu interprétera les chansons de son nouvel opus.

PHOTO SATY + PRATHA, FOURNIE PAR L'ARTISTE

Poirier

Nujazz, groove, hip-hop

Plusieurs sélections jazz de cette année s'inspireront du groove, du hip-hop ou de l'électro. On le constatera chez Taylor McFerrin (fils de l'éminent Bobby), le trio du guitariste Charlie Hunter, l'ensemble du trompettiste Takuya Kuroda, le groupe The Comet is Coming, les chanteurs Gabriel Garzon-Montano et aussi chez José James (en mode Chet Baker). Les connaisseurs de hip-hop seront probablement ravis par les prochaines escales montréalaises de Terrace Martin - un des meilleurs réalisateurs de l'heure - , du rappeur Danny Brown ou encore par la reconstitution du Sugarhill Gang avec pour locomotive le crew légendaire Grandmaster's Furious Five, chapeauté notamment par MC Melle Mel. Quant aux fans de nusoul, ils seront au pied de la scène où s'imposera Bilal.

PHOTO SIMON BENJAMIN, FOURNIE PAR SPECTRA

Taylor McFerrin

Maîtres jazzmen, maîtres en devenir

Qui seront les maîtres jazzmen au programme du FIJM? En rafale: le compositeur et saxophoniste visionnaire Steve Coleman, le pianiste Vijay Iyer (en tandem avec le trompettiste Wadada Leo Smith), le maître de l'harmonie pianistique Fred Hersch, le trompettiste Wynton Marsalis à la tête du big band Jazz at the Lincoln Center Orchestra, le renommé pianiste jazz-fusion Chick Corea, le mirobolant saxophoniste Chris Potter, le contrebassiste supravirtuose Renaud Garcia-Fons et le pianiste Dorantes. D'autres maîtres? Les guitaristes Tommy Emmanuel et Jake Shimakuburo, le pianiste Kenny Barron sur trois soirs, comme le trompettiste Christian Scott, sans compter le Blue Note 75 Band avec notamment Robert Glasper et Lionel Loueke. Et il y en a encore: la bassiste Tal Wilkenfeld, l'organiste Joey De Francesco, le saxophoniste James Carter, le guitariste Nir Felder, le contrebassiste Avishai Cohen, le guitariste Larry Corryell qui réunit son fameux 11th House.

PHOTO PATRICIA MAGALHAES, FOURNIE PAR SPECTRA

Steve Coleman

Local, régional, national

Établie à Montréal depuis 2015, Emilie-Claire Barlow se produira avec grand orchestre pour y défendre (entre autres) la matière de son album Clear Day. Très populaire chez les jazzophiles québécois, Surie Arioli aura aussi de la nouvelle matière à suggérer. Snif snif, les vétérans Oliver Jones et Guy Nadon feront leurs adieux à la scène... Le virtuose Frédéric Alarie se produira avec la contrebasse du légendaire Scott LaFaro. La pianiste Lorraine Desmarais tentera de nouveau l'aventure du big band. Karen Young et sa fille Coral Egan seront réunies sur scène. MISC souhaite imposer une vision actualisée du trio jazz. Il y aura aussi le trio d'Émie R Roussel, les duos de Michel Donato, le concept pour cordes et jazz du trompettiste Jacques Kuba Séguin, et Chet Baker sera évoqué par Ron Di Lauro. Au-delà de l'idiome jazzistique, on pourra découvrir les pianistes Jean-Michel Blais, Roman Zavada, Martin Lizotte, Alexandra Streliski, sans compter Angèle Dubeau & La Pieta se consacrant au compositeur Ludovico Einaudi.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Émilie-Claire Barlow