Jamie Cullum, l'enfant prodige britannique du jazz, fait partie des artistes chouchous du Festival de jazz. Un attachement qui est réciproque.

« Le Festival de jazz a une place privilégiée dans le coeur des musiciens, a déclaré le crooner à La Presse en entrevue téléphonique. C'est toujours spécial de s'y produire. Le festival a été ouvert à tous mes projets. Il y a un respect pour les musiciens qui prennent des directions différentes. C'est un festival dont on sent le soutien. »

Après six ans d'absence, Jamie Cullum se produira pour la quatrième fois au Festival de jazz dans l'enceinte majestueuse de la Maison symphonique. « Un espace magnifique », s'exclame-t-il.

En plus d'être prolifique, Jamie Cullum a de l'énergie à revendre. Il faut l'avoir vu se démener sur scène pour comprendre qu'il doit garder la forme pour donner trois spectacles en trois soirs (le chanteur s'apprêtait à monter sur scène à Toronto, lorsqu'il nous a parlé avant-hier, et il s'est produit à Ottawa hier soir).

ANIMATEUR À LA BBC

Même si le pianiste et chanteur de 35 ans est associé au jazz depuis ses débuts, il estime que son huitième album Interlude - son plus récent - est le plus ancré dans le genre où se sont illustrés les Dizzy Gillespie, Ray Charles, Billie Holiday et Nina Simone, qu'il reprend par ailleurs. « C'est depuis que j'anime une émission de radio sur les ondes de la BBC », dit-il.

Jamie Cullum est en effet au micro d'une émission de jazz sur les ondes de BBC 2 depuis cinq ans. Son émission du 2 juin dernier portait d'ailleurs sur le Festival de jazz de Montréal. Il a interviewé le directeur artistique et confondateur du festival, André Ménard.

« Avec du recul, j'aurais dû refuser la proposition de la BBC, car je n'ai pas vraiment de temps, badine-t-il. Je prévoyais de le faire pendant quelque temps et de céder ma place à un autre animateur, mais, cinq ans plus tard, je suis toujours là et je ne peux imaginer ma vie professionnelle sans cette émission. »

Au fil des années, Cullum a présenté des prestations en ondes et reçu des invités comme Gregory Porter - qu'il reprend sur Interlude -, Kamasi Washington, Dr John, Lang Lang, ainsi que Shuggie Otis et Diana Krall.

« Interlude est un album de collaborations que nous avons fait en deux jours et demi. C'était une expérience », confie-t-il.

Jamie Cullum reprend notamment en duo avec Laura Mvula Good Morning Heartache. À la réalisation, il a collaboré avec Ben Lamdin du groupe Nostalgia 77. « Il vient de la même école hip-hop et de la même culture DJ que moi. Ses techniques d'enregistrement sont incroyables. »

MÉLOMANE AVANT TOUT

S'il est un musicien remarquable, Jamie Cullum est aussi un fin mélomane. Il faut une certaine humilité comme auteur-compositeur pour reprendre sur scène les Radiohead, Jimi Hendrix et Jeff Buckley. Sur Interlude, le crooner revisite également The Seer's Tower de Sufjan Stevens, ainsi que Losing You de Randy Newman.

« Parfois, je me considère plus comme un fan de musique que comme un musicien. J'en consomme beaucoup et j'aime évangéliser des artistes. C'était le cas avant même d'avoir mon émission de radio. » - Jamie Cullum

Dans sa jeunesse, rappelons que Jamie Cullum - qui a collaboré récemment avec Deltron 3030, le super groupe dont fait partie le Montréalais Kid Koala - s'est plongé dans le jazz grâce au hip-hop. « J'ai grandi dans l'ouest de l'Angleterre, à Bristol, où la culture des DJ était très forte. Ils collectionnaient des vinyles pour connaître la source des différentes sonorités. Des disques blues, de musique africaine, des disques jazz, punk... »

Sur son prochain album, dont il est à mi-parcours dans sa création, Jamie Cullum revient vers la pop. En attendant, il multiplie les spectacles. Ce soir, un big band l'accompagnera sur scène. Quatre trompettistes, quatre trombonistes et quatre saxophonistes doubleront le groupe habituel de Cullum, qui pourrait habiter la scène à lui seul.

À la Maison symphonique ce soir, 19 h, dans le cadre du FIJM.