Des habitués comme Elvis Costello et Daniel Lanois, de la visite rare comme Charlie Musselwhite, d'autres qui ne sont jamais venus: madame, monsieur, Diana Ross! Du jazz-jazz avec ses réunions et ses grandes rencontres, du blues de toutes allégeances, des voix que l'on connaît et d'autres qu'on a hâte d'entendre, des locaux et des «mondiaux», des espoirs et des pop-stars, des jeunes et des légendes, des anciens et des modernes.

Voilà de quoi est faite la programmation en salle du 35e Festival international de jazz de Montréal, annoncée hier par le chaud tandem André Ménard et Laurent Saulnier à la salle Wilfrid-Pelletier où officiels et invités étaient tous sur la scène. Concept rassembleur...

Pour ce super anniversaire quinquennal, le FIJM propose 18 séries, regroupant plus de 150 spectacles présentés dans 13 salles du Quartier des spectacles auxquelles s'ajoutent le Centre Bell - où le crooner Michael Bublé chantera les 4 et 5 juillet - ainsi que l'Upstairs et le Dièse Onze, deux clubs montréalais qui présentent du jazz à l'année.

Hier, Harry Manx et Kevin Breit ont d'abord livré un avant-goût de leur rencontre de la série Invitation dont Mr. Manx sera le premier hôte au Gesù; Charlie Hunter et Dave Lindley seront ses autres invités. Le trompettiste américain Ambrose Akinmusire prendra la relève en recevant le guitariste Bill Frisell, puis le pianiste Tigran Hamasyan qui, le lendemain, recevra lui-même Brad Mehldau avant de finir la série en quintette. 110% jazz.

Chez les chanteuses, on retrouvera avec plaisir la Britannique Katie Melua, qui donnera à Wilfrid-Pelletier le seul spectacle américain de sa tournée Ketevan, Aretha Franklin, que la maladie avait obligée à annuler son spectacle en 2013, Ricky Lee Jones et Trixie Whitley. On verra aussi cette dernière avec Emmylou Harris aux côtés de leur ami Daniel Lanois (en ouverture à W.-P.). LA tête d'affiche reste toutefois Cécile McLorin Salvant qui fait les deux premiers soirs de ce 35e FIJM à L'Astral.

D'autres cartons en puissance: Trombone Shorty, showman extraordinaire, au Métropolis; la violoniste Regina Carter au Gesù; Costello en solo à la Maison symphonique où, par ailleurs, le Festival a transféré le Battle of the Bands: attention! un seul spectacle, le samedi 5 juillet.

Les billets sont en vente samedi, mais dès aujourd'hui aux abonnés de l'Infolettre Spectra à laquelle on s'abonne gratuitement. Voir montrealjazzfest.com pour l'horaire complet du 35e Festival de jazz de Montréal, le premier depuis que son producteur Spectra est passé aux mains du Groupe CH de la famille Molson.

Voici aussi d'autres noms rassemblés selon des thématiques à nous, pas du tout académiques.

On a hâte...

D'entendre, au Gesù, la musique sacrée de la saxophoniste et chanteuse d'origine asiatique Grace Kelly. De voir en quoi la guitariste et chanteuse Valerie June serait le «chaînon manquant entre Dolly Parton et Billie Holiday». D'entendre le trompettiste Terence Blanchard et son ensemble avec l'Orchestre national de jazz de Montréal. De découvrir la longueur des solos de Ginger Baker, l'ancien drummer de Cream, le premier power trio du rock britannique que «complétaient» Eric Clapton et Jack Bruce. On a aussi hâte que nous revienne notre collègue Alain Brunet pour mettre un peu d'ordre dans nos affaires jazzistiques...

Bluesy, genre...

Nombreuses, ici, les occasions de se rappeler, ou de découvrir, que le blues existe sous d'autres formes que le gros blues sale que l'on entend dehors. Des noms outre Harry Manx? Ben Harper avec Charlie Musselwhite. Le spectacle acoustique - et encyclopédique - True Blues, avec Guy Davis, Corey Harris et Alvin Youngblood Hart. Côté jazz: Dr. Lonnie Smith qui «opère» à l'orgue Hammond B-3. Dans le plus classique: le Néo-Brunswickois Matt Andersen et, possiblement pour la dernière fois, B.B. King, 88 ans, «the King of the Blues», à qui on a eu la bonne idée d'adjoindre Gary Clark Jr.

Superstars du cru

Le TNM recevra tour à tour, et pour trois soirs chacun, Rufus Wainwright et Coeur de pirate. Rufus est annoncé en solo mais on sait qu'il ne sera pas seul longtemps; sa (demi-) soeur Lucy Wainwright Roche fera d'ailleurs la première partie. Quant à Coeur de pirate, elle interprétera entre autres ses succès de Trauma avec une formation (jazz?) montée spécialement pour le Festival. Par ailleurs, Nikki Yanofsky fera son premier Métropolis avec son CD Little Secret (sortie le 6 mai). Et il y a l'éternel Oliver Jones en clôture, avec Lorraine Desmarais et le petit Daniel Clarke Bouchard.

Histoires de famille

Zappa Plays Zappa mais, cette fois, Dweezil joue les succès de Frank; dans Piazzolla Plays Piazzolla, c'est le petit-fils, «Pipi», batteur de son état, qui mène Escalandrum dans l'oeuvre d'Astor. Avec Spirityouall, Bobby McFerrin rend hommage à son père, premier Noir à chanter au Metropolitan. Et voici Freddy Cole, frère du regretté Nat King et oncle de Natalie; et Felix Pastorius, bassiste comme son père Jaco; et, finalement, Rhonda Ross qui chantera en première partie de sa mère Diana. La difficulté, toutefois, reste toujours de se faire un prénom.

Classe, mais hors série

Le Festival de jazz, qui ne remplit pas systématiquement sa case «théâtre», le fait cette année avec Tarantino, un spectacle dans lequel 28 musiciens et danseurs font revivre des scènes cultes des films de Quentin Tarantino: Pulp Fiction, Inglourious Basterds, Django Unchained. Attirant... Comme l'Orchestre d'hommes-orchestres de Québec qui, après Tom Waits, s'attaque à Kurt Weill, le père de Mack the Knife. Les amants du flamenco, eux, vont remplir Maisonneuve pour Juan Manuel Fernandez Montoya, mieux connu sous le nom de Farruquito, virtuose de la danse flamenco. Comme disait Laurent Saulnier hier pour un autre artiste, «il tue la mort». Improvisao.