Vers la fin de son concert samedi soir dans une salle Wilfrid-Pelletier qu'il venait tout juste de transformer en annexe du Métropolis, DJ Champion a avoué qu'il ne savait pas quel genre de public serait au rendez-vous pour ce concert unique.

«Vous avez été parfaits» a-t-il aussitôt ajouté à l'intention de ses fans qui, à la mezzanine comme au parterre, l'ont suivi dans cette audacieuse aventure d'un soir dont le matériau principal était son nouvel album à saveur symphonique.

Ce public modèle a été récompensé au centuple pour sa remarquable qualité d'écoute. Champion, ses cinq G-Strings sagement alignés à la droite de la scène, le chanteur-showman Pilou, la rappeuse invitée Fab de Random Recipe, le tromboniste et orchestrateur Jean-Nicolas Trottier et l'ensemble I Musici dirigé par Jean-Marie Zeitouni n'ont pas seulement rendu justice à la musique du disque, ils l'ont enrichie par leurs interventions en symbiose, permettant à chacune des pièces pourtant différentes de se fondre dans la suivante pour former un tout cohérent.

Champion, on l'a dit, traite dans ce nouvel opus de la mort qu'il a vue de près. Son concert était une véritable célébration de la vie avant même que la bien nommée Alive Again n'annonce la séquence finale de défoulement collectif par la danse dont Wilfrid-Pelletier n'a pas l'habitude.

Entre les atypiques Dead Before, que Champion a chantée seul avec sa guitare devant le rideau de scène, et Ain't Got A Friend qu'il a interprétée avec sa voix d'outre-tombe pour clore la soirée, le public à eu droit à de grands moments de musique. Je pense à la charge orchestrale cinématographique d'Ursula au-dessus de laquelle flottait une guitare; au crescendo musical qui a englouti jusqu'à la voix puissante de Pilou vers la fin de Requiem Dem; ou encore à l'irrésistible ascension rythmique de Grand Prix pendant laquelle on a reconnu le Champion sautillant qu'on aime.

Il faisait bon le voir diriger ses G-Strings de la main, se tourner pour faire un signe à son acolyte Zeitouni qu'il a étreint à plus d'une reprise, puis embarquer son groupe, l'orchestre et la foule dans son petit jeu de chef «contrôlant» pendant la belle Montecristo.

Toutes les épreuves qu'a vécues Maxime Morin ont ainsi connu le plus beau dénouement qui se puisse imaginer: la réalisation du rêve un peu fou de son alter ego DJ Champion couronnée d'un succès au-delà de ses espérances.

Souhaitons-nous, comme il l'a dit en nous quittant, que ce ne soit que partie remise.