Offert par les artistes américains Vijay Iyer et Craig Taborn, un tel concert pour deux pianos a de jazzistique quelques références esthétiques, quelques évocations historiques et, surtout, l'improvisation d'un tandem huilé au quart de tour.

Quant aux cycles de motifs pianistiques, au martèlement des ivoires, aux spirales harmoniques, aux tourbillons atonaux, aux références tonales ou modales, aux montées et descentes chromatiques, voilà autant de caractéristiques qui peuvent être associées à une musique contemporaine, dense et conceptuelle.

Assis et recueilli au Gesù en ce vendredi, on se ferme les yeux et on peut croire que ce flot de notes a été décrypté sur des partitions préalablement conçues. Un peu plus loin dans le voyage, les deux solistes changent de position, échangent de nouvelles informations, on ressent alors davantage le caractère improvisé et la dimension jazz de l'affaire. Pourquoi donc ? Parce que le vocabulaire, le soutien rythmique ou même les interventions dans la table d'harmonie évoquent davantage l'idée qu'on se fait du jazz.

Chose certaine, nous avons devant nous la collaboration en direct de deux superbes pianistes dont la technique très personnelle est d'abord et avant tout au service de l'oeuvre créée en direct. Et non de leur propre virtuosité.