À 19 ans, Nikki Yanofsky est une habituée du Festival de jazz. Depuis 2006, quand on l'a vue pour la première fois sur une scène extérieure, elle n'a sauté qu'une année: 2012.

En 2011, elle chantait avec l'Orchestre Métropolitain. Jeudi, pour le premier de ses trois concerts au TNM, elle nous présentait en primeur son tout nouveau groupe, cinq musiciens américains pas tout à fait de son âge, mais plus jeunes que ses accompagnateurs précédents.

La jeune Montréalaise a profité de l'occasion pour nous donner un avant-goût de, que dis-je, pour nous faire entendre presque en totalité son prochain album, Little Secret, dont l'illustre Quincy Jones est le producteur exécutif. Décision audacieuse, sinon un peu casse-cou, en présence d'un public aussi réservé, sans doute venu faire connaissance avec elle.

Avant de se lancer dans un pot-pourri de chansons pop du moment apprêtées à la sauce jazzy, elle a parlé de sa mission: faire apprécier le jazz à sa génération. M'est avis que son répertoire de jeudi touchera encore un public pas mal plus âgé qu'elle.

Peut-être pourra-t-elle faire un bout de chemin en rafraîchissant sur un rythme plus moderne des standards d'Ella Fitzgerald et Louis Armstrong ou de Roberta Flack et sa version de People Are Strange des Doors était franchement intéressante parce que sentie. Mais à quelques exceptions près, ce qu'on a entendu de son prochain album tenait surtout de la pop-RnB générique.

Parmi ces exceptions, une chanson pop très accrocheuse (Bang Bang Bang Bang?) et une très heureuse fusion de Soul Bossa Nova de son mentor Quincy Jones et de Watermelon Man de Herbie Hancock intitulée Something New. Quand elle a repris Valerie d'Amy Winehouse, sa chanteuse préférée «de tous les temps», on a senti que Nikki tripait vraiment. 

À cause de son talent fou de chanteuse, de plus en plus maîtrisé, et de sa spontanéité réjouissante, on lui pardonne les lieux communs qu'elle a intégrés pendant sa formation accélérée d'entertainer à l'américaine. Lui reste encore à affirmer sa véritable personnalité, à habiter son répertoire et à repousser les limites de ce talent.

À 19 ans, tout cela est possible.

Nikki Yanofsky, au TNM, les 5 et 6 juillet à 20h