Déjà l'affiche était intrigante: David Murray, fondateur du World Saxophone Quartet et musicien dont on a déjà célébré l'audace, et Macy Gray, la chanteuse R'n'B en qui on fondait tous les espoirs mais qui s'est égarée en chemin.

Dans le coin droit, un créateur boulimique qui a participé à une centaine d'albums; dans le gauche, celle qui en a vendu une dizaine de millions après avoir été mise au monde par la chanson I Try à la fin du millénaire précédent. Une rencontre d'autant plus intrigante que la dame ne chante que sur une pièce du tout récent album de Murray, Be My Monster Love.

Celle que Murray a présenté comme «la première diva avatar du XXIe siècle» est apparue dans sa robe rouge à paillettes, un boa de la même couleur autour du cou, sitôt la première pièce terminée. Avec ses quatre nouveaux amis, elle a repris sa chanson Relating To à Psychopath sur un mode swing plutôt rafraîchissant.

Puis elle s'est mis à haranguer le public, qu'elle trouvait trop réservé. Elle lui a dit - à la blague? - qu'elle avait bu depuis deux heures et lui a suggéré d'en faire autant pour mieux apprécier leur musique.

Aurait fallu boire toute une tasse pour reconnaître dans la chanteuse de lundi la Macy Gray qui nous donnait des frissons jadis. Sa voix éraillée manquait nettement de puissance et son interprétation, de conviction. Après Be My Monster Love, elle s'est éclipsée en coulisses, Murray l'y a suivie mais est revenu seul.

Heureusement, le saxophoniste de 58 ans n'a pas perdu la forme, lui. On l'avait constaté pendant la toute première pièce au programme,

Sorrow Song: le monsieur a encore du souffle et il aime toujours s'aventurer en territoire free quand on s'y attend le moins. Son Infinity Quartet n'est pas moins solide, particulièrement le contrebassiste Jaribu Shahid.

En l'absence de la chanteuse, Murray a profité des solos de Shahid, du pianiste Thornton Hudson et du batteur Nasheet Waits pour effectuer quelques aller-retour dans les coulisses. 

Macy Gray est finalement revenue dans une robe verte à brillants et, à défaut de chanter avec aplomb, elle était convaincante dans le rôle de la chanteuse diminuée. Le public l'a applaudie chaudement.

Même si, par la suite, elle a eu un regain d'énergie notable, la rencontre musicale anticipée n'a pas vraiment eu lieu.