Avant qu'on sache qui était qui et qui faisait quoi dans ce Woman, excellent album pop d'un groupe nommé Rhye, le mystère a plané. Chanteur ou chanteuse? Musiciennes? Musiciens?

Petite recherche et voilà: Rhye est un duo de gars et le chanteur a une voix de contre-alto.

«J'ai découvert ma voix en la posant sur mes propres productions. Je n'ai jamais senti que je chantais comme une fille d'ailleurs. J'ai été étonné de constater que les gens croyaient entendre une voix féminine. Je ne m'identifie aucunement à la voix féminine! Je chante doucement, voilà tout», explique Mike Milosh. On saura à quoi s'en tenir! Et on devine que le sujet est abordé pour une énième fois avec cet artiste de Rhye, dont le premier opus a récolté d'excellentes critiques dans les médias d'Amérique comme d'Europe. Et qui se produit dimanche au Métropolis. Une première à Montréal.

Originaire de Toronto, Mike Milosh est installé à Los Angeles, là où il est joint pour cette interview.

«Je m'y suis installé parce que ma compagne en est originaire et son travail d'actrice exige qu'il demeure surtout en Californie. Avant cela, j'ai vécu à Berlin, j'y ai rencontré Alexa [Nikolas]. Auparavant, j'avais passé du temps en Asie, en Hollande... J'ai aussi vécu à Montréal, où j'ai étudié l'électroacoustique à l'Université Concordia. J'y ai aussi joué de la batterie au sein de plusieurs groupes. Puis, j'ai choisi d'être un musicien polyvalent après avoir réalisé à quel point j'aimais la production - j'ai produit moi-même mes trois albums en solo, sans compter le quatrième, qui sortira cet automne.»

Quant au partenaire musical de Mike Milosh, il est danois et se nomme Robin Hannibal.

«Il a étudié la composition, mais ce qu'il fait actuellement résulte surtout d'un apprentissage en autodidacte. Lorsque je l'ai connu, il vivait à Copenhague. On m'avait demandé de faire le remix d'une pièce de son groupe - Quadron. J'ai alors superposé ma voix sur l'enregistrement, nous avons commencé à la transformer et nous en avons fait carrément une nouvelle chanson. Ainsi vint Major Minor Love, et deux autres titres par la suite. Le hasard a fait qu'il a déménagé à Los Angeles six mois avant moi. Lorsque je m'y suis établi, nous nous sommes remis au travail.»

Collaboration

La fine pop de Rhye est le produit d'une collaboration égalitaire, affirme Mike Milosh.

«Nous composons, enregistrons tout ensemble, réalisons, signons les arrangements... et je chante. Nous ne travaillons jamais séparément. Processus très organique, en fait. Notre travail est un peu de l'ordre du «DIY»; les enregistrements ont été réalisés dans nos appartements... C'est de la pop faite dans la contrainte, c'est-à-dire avec des moyens limités et une lutherie modeste. La contrainte peut donner des résultats très créatifs!»

Quant à l'inspiration musicale de cet album, Milosh l'estime «très variée»: musique classique, musique électronique, soul/R&B, hip-hop, rock psychédélique, etc. En tout cas, il refuse d'emblée d'être associé à la brit soul de Sade Adu comme l'ont fait plusieurs critiques. «Je ne comprends pas cette association. Je suis loin d'être un grand fan... Pour moi, ce n'est pas une référence.»

On lui donnera raison. Les comparaisons avec Sade se limitent tout au plus à quelques mesures, quelques grooves de l'album entier.

Et qu'en sera-t-il sur scène?

«J'ai embauché cinq musiciens pour faire cette tournée - batterie, violon à cinq cordes, violoncelle, trombone, basse, guitare, claviers, percussions, etc. Robin n'est pas du voyage, il préfère demeurer en studio. C'est idem pour son projet Quadron. Avec mes musiciens, nous varions le répertoire. Les interprétations changent d'un soir à l'autre, il y a un peu d'improvisation et plus de dynamique que sur l'album. Nous avons trouvé notre son, je crois.»

Affaire d'hommes, du début à la fin.

Rhye se produit dimanche au Métopolis, 20h, précédé de CFCF.