Elle est née à Winnipeg, a grandi à Toronto et en France, mais c'est à Montréal qu'Elizabeth Shepherd s'est finalement posée, il y a un peu plus d'un an. La pianiste, chanteuse, auteure et compositrice proposera ses chansons jazzées et intimistes dans le cadre d'une série consacrée aux chanteuses présentée au Savoy du Métropolis.

1. Chanter en français est une coquetterie pour bien des chanteuses de jazz. Ce ne l'est pas pour vous, n'est-ce pas?

Comme j'ai grandi en France, où j'ai passé une partie de mon adolescence, j'ai d'abord appris à chanter en français. J'ai été éduquée en français, mais je suis plus à l'aise d'écrire en anglais. J'ai fait des études en littérature française, alors cette langue, je l'ai un peu dans la peau et je voulais le signifier à mon public. Écrire en français, c'est le projet auquel je travaille en ce moment: un projet sur l'identité, en français et en anglais, sur la ville de Montréal.

2. Votre plus récent disque est composé de reprises, alors que tous les précédents misaient sur des chansons originales. Pourquoi?

J'ai été en tournée pendant 14 mois avec mon album précédent. Quand je suis rentrée, j'étais enceinte de quatre mois... La grossesse est une période particulière, un temps d'abandon où on cède tout à ce petit être qui grandit en soi. J'angoissais pas mal... Je craignais que la maternité n'avale mon identité de musicienne [...]. Je savais que je n'aurais pas le temps de finir un disque de compositions originales, alors je me suis dit que ce serait le bon moment pour un album de reprises. J'ai voulu faire des morceaux qui m'ont accrochée au jazz. [...] Je suis arrivée au jazz par le hip-hop, qui est une musique de groove. Et c'est à travers le groove que je veux faire le lien, connecter avec les gens, faire bouger, ressentir et remuer des émotions.

3. Qu'est-ce que ce projet sur Montréal que vous avez évoqué?

Il est basé sur l'architecture. Je recueille des informations sur certains édifices de Montréal... Prenons l'exemple de l'immeuble Ogilvy: j'ai fait une entrevue avec Cyril, qui joue de la cuiller devant. J'en apprends sur lui, mais aussi sur cette grande corporation qu'est Ogilvy. À travers l'histoire de Cyril et d'Ogilvy, c'est l'histoire de Montréal qui se raconte. Je souhaite en arriver à une application qu'on pourrait écouter en se promenant dans la ville. En ce moment, on utilise la musique et nos écouteurs pour nous isoler des autres. Avec ce projet, on s'en servirait pour se reconnecter au monde qui nous entoure.

Les 30 juin et 1er juillet, à 19h, au Savoy (Métropolis).