Au milieu de la décennie précédente, au regretté Spectrum, le guitariste-culte Pat Martino nous en avait mis plein la gueule. Jeudi soir au Gesù? Au sortir ce ce concert, on avait la gueule un peu moins pleine, quoique... respect pour ce grand musicien.

Pat Martino, c'est la grande classe. Impeccable à 67 ans, d'autant plus qu'on le sait miraculé d'un accident cérébro-vasculaire survenu en 1980. Sa légende rappelle qu'il dut réapprendre à  jouer, repartir à zéro avec le résultat qu'on sait. De surcroît, on a affaire à un être humain d'une grande générosité et d'une courtoisie exemplaire.

Dans le classicisme pour guitare, batterie et orgue Hammond B3, le guitariste américain est tout simplement parfait. Sonorité très personnelle malgré ce «tone» jazz qu'on reconnaît d'emblée (avec un instrument fait sur mesure), articulation idéale, connaissance profonde du langage jazzistique, choix circonspect du répertoire des standards - de Footprints (Wayne Shorter) à Oleo (Sonny Rollins) en passant par All Blues (Miles Davis). Interaction? Jeu cohésif, classique, très compétent de l'organiste Pat Bianchi et du batteur Carmen Intorre.

Cette droiture, cette sobriété, cette rigueur, ce respect ds règles de l'art tranchent évidemment avec  la facture plus libre de l'autre trio pour Hammond B3 observé il y a quelques jours, je pense à celui sous la gouverne de Dr. Lonnie Smith - un de nos martiens favoris ! Personnellement, j'ai préféré mon passage à l'Upstairs à cette séquence au Gesù mais bon, les deux factures se valent dans l'absolu.