À peine de retour d'Australie, Harry Manx s'apprête à créer son nouveau spectacle, World Affairs, ce soir à la Maison symphonique. Une fête de la musique, concoctée avec trois complices et dans laquelle les sonorités et les rythmes de la musique indienne seront en évidence.

Harry Manx rapporte toujours de ses nombreux voyages de nouvelles idées, des musiciens ou de belles histoires. Celle-ci se passe en Australie, où Manx se sent chez lui tout autant qu'au Canada, où il vit depuis une dizaine d'années.

Il raconte: «L'autre jour, dans un festival australien, un gars me saisit par le bras et me raconte l'histoire d'un ami à lui qui avait décidé de se suicider. Il se rendait en voiture à l'endroit où il voulait mettre fin à ses jours quand une de mes chansons a joué à la radio. Il ne la connaissait pas, mais il s'est rangé sur l'accotement pour l'écouter. Et il a changé d'idée. Si j'avais besoin d'une raison pour continuer à faire de la musique, je viens de la trouver!»

Il est vrai que la musique d'Harry Manx a quelque chose de réconfortant, tant par sa beauté que par son ouverture sur le monde. Né dans l'île de Man, au large de l'Angleterre, Manx a bourlingué un peu partout en Europe, en Inde et au Japon, et il a joué dans la rue pendant des années avant de s'installer en Colombie-Britannique, où il a entrepris une carrière professionnelle presque par accident, à la mi-quarantaine.

Métissage musical

Manx est un fana de blues, mais on le connaît surtout pour sa façon de mêler la musique indienne à l'occidentale avec sa mohan veena, une guitare-sitar à 20 cordes. Il songeait depuis un certain temps à monter un spectacle de musique acoustique dans lequel les tablas occuperaient une place importante. Il a d'abord pensé au percussionniste Gurpreet Chana, surnommé Tabla Guy, avec qui il a déjà joué et qui devrait être de la partie quand World Affairs fera l'objet d'une tournée canadienne, en 2013. C'est l'ami Yeshe qui jouera des percussions ce soir. Puis Manx a recruté son ami Clayton Dooley: «Clayton joue avec moi depuis trois ans, c'est un merveilleux organiste qui joue surtout du Hammond. Quand Booker T. Jones a dû renoncer à sa tournée australienne, c'est Clayton qui l'a remplacé dans son groupe.»

Quant à la chanteuse d'origine indienne Kiran Ahluwalia, qui a vécu à Toronto avant de s'établir à New York, il a fait sa connaissance au Calgary Folk Festival il y a quelques années. «Ils m'ont mis sur une scène au beau milieu d'une douzaine de musiciens indiens et j'ai dû ramer pour ne pas sombrer, raconte Manx en riant. Mais j'ai découvert que quand je joue avec des musiciens indiens, je n'essaie pas de jouer à l'indienne. J'ai compris ça en écoutant John McLaughlin: il n'essaie jamais de jouer de la musique indienne, mais plutôt quelque chose qui s'harmonise bien avec cette musique.»

Ambiance orientale

Ce soir, Harry Manx se propose de revisiter son répertoire avec sa mohan veena, mais aussi avec la guitare qu'il s'est bricolée avec une boîte à cigares et dont Bruce Springsteen lui a déjà dit que lui aussi en voulait une comme ça. Pour le reste, il veut donner à ses compagnons l'occasion de se mettre en valeur le temps d'une pièce ou deux.

«Je veux qu'ils s'expriment dans le contexte du groupe, explique-t-il. Aucun de nous n'a à se plier à une tradition, à des règles. J'aime créer un espace semblable et voir ce qui va en ressortir. La clé, c'est l'improvisation. C'est excitant pour le public de voir qu'on joue sans filet.»

Manx a également dans ses cartons un nouvel album qu'il viendra nous présenter à l'automne. «Ça va être un disque très acoustique, presque solo et, je l'espère, instrumental. Il y a longtemps que je veux faire un CD instrumental et que les gens me le réclament. La mohan veena sera très présente et l'ambiance va être très orientale.»

Entre-temps, ce troubadour moderne fera une courte tournée en solo de l'est du Québec cet été. «Je vais aller jusqu'à Sept-Îles, Fermont et Natashquan. Pour moi, c'est une véritable aventure, ça me plaît.»

En profitera-t-il pour jouer quelques-unes des pièces instrumentales de son prochain album?

«Ces pauvres gens vont peut-être me servir de cobayes», répond Manx en riant.

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Harry Manx, World Affairs, à la Maison symphonique, ce soir à 19h.