C'était soir de retrouvailles entre Gianmaria Testa et son public montréalais mercredi au Théâtre Maisonneuve. Depuis six ans, l'artiste piémontais était venu chanter Ferré et jouer dans le spectacle musico-théâtral Quichotte et les invincibles, mais on avait hâte de l'entendre chanter ses propres chansons d'autant plus que son plus récent album, Vitamia, est un grand cru.

Testa avait très hâte lui aussi de renouer avec ce public complice et exemplaire, capable de se recueillir pendant ses chansons les plus douces et de le suivre dans des envolées rock comme il s'en trouve quelques-unes dans Vitamia - superbe Lasciami Andare, même privée de son piano.

Autour de lui, il avait réuni un véritable groupe, quatre musiciens chevronnés qui, dès la finale instrumentale de la toute première chanson (La traiettorie delle mongolfiere), nous ont donné un avant-goût des beaux moments à venir. Deux guitaristes, un bassiste et un batteur soudés et prêts à défendre la très électrique Sottosopra ou à se faire très discrets quand la voix rocailleuse du chanteur arrête de mordre dans son texte pour mieux le caresser.

Comme il en a l'habitude, Testa a résumé en français le propos de ses nouvelles chansons. Mais il n'était pas nécessaire de comprendre la langue de Dante pour ressentir la tristesse, amplifiée par la finale à la contrebasse, de l'histoire de Lele la Calabrese qui s'est donné la mort, ou pour goûter l'ironie de Cordiali Saluti, une lettre de licenciement qu'adresse Testa à un «licencieur» professionnel.

Ses fans le savent, Gianmaria Testa est un homme curieux et bien renseigné. Ils ont applaudi bruyamment quand, après la berceuse onirique Aquadub, le batteur français Philippe Garcia s'est mis à tapocher énergiquement sur une casserole qui, comme le carré rouge épinglé à la chemise du chanteur, avait été empruntée au chauffeur qui les avait ramenés de Québec dans la journée.

Les fans de longue date ont reconnu et applaudi dès les premières mesures Preferisco cosi et Polvere di gesso, mais ils ont également bien accueilli les chansons de Vitamia qui comptaient pour la moitié du spectacle. Dont 20 mila leghe (in fondo al mare), une dénonciation du parti La Ligue du Nord qui veut séparer le nord de l'Italie du sud, plus pauvre. Avant de se lancer dans cette fable un peu jazzy que n'aurait pas reniée Brassens, le chanteur a précisé que, contrairement aux indépendantistes québécois, les sécessionnistes du nord de l'Italie n'ont que de vulgaires motivations économiques.

20 mila leghe (in fondo al mare) a été applaudie chaudement.