Médéric Collignon est aujourd'hui une pointure du jazz français. En 2007, nous indique son profil biographique, son album Porgy and Bess a été récompensé aux Victoires du jazz. Grand Prix du disque de la Musique Jazz de l'Académie Charles-Cros en 2006. Récipiendaire du Prix Django-Reinhardt en 2008. Djangodor, catégorie «spectacle vivant» en 2009. Fait Chevalier des Arts et Lettres en 2009. Et de passage à Montréal en juillet 2012!

Ce n'est pas la première fois à Montréal, non?

Médéric Collignon Je suis déjà venu deux fois à Montréal: une première avec le Collectif Slang et puis une autre avec l'Orchestre national de jazz sous la direction de Claude Barthélémy. Je viens cette fois avec mon quartette: Philippe Gleize à la batterie, Frank Woeste au Fender Rhodes, Frédéric Chiffoleau à la contrebasse, et moi au cornet. Ça fait quand même plus d'une décennie que je mène ou codirige des projets.

Pourquoi avoir choisi le cornet plutôt que la trompette?

M.C. C'est le son. On est plus près de la voix avec le cornet qu'on l'est avec la trompette. On est plus à l'intérieur du corps. Il y a plus de grain, c'est un peu comme le trombone. J'ai choisi ce rapprochement entre la voix humaine et un instrument à vent. J'aime aussi le bugle en ce sens, c'est tellement beau! Le bugle et le cornet sont des instruments plus jeunes que la trompette. Bien sûr, le cornet n'a pas le côté prestigieux de la trompette... Pourtant, il a autant de valeur.

Votre musique peut être à la fois sensuelle et violente. Expliquez-nous cette dualité.

M.C. Ma musique est un Y. Une branche de ce Y représente ce côté retenu, sensuel et épuré. L'autre branche concerne le côté rock, funk, dur, matraque. Auparavant, je tendais à mélanger ces deux dimensions alors qu'aujourd'hui je tends à les dissocier. Les deux branches du Y se regardent, se touchent, mais se dissolvent moins. Dans le cadre de mon album Shangri Tunkashi-La, matière au programme de Montréal, je décline néanmoins ces deux volets sur la musique électrique de Miles Davis, époque Bitches Brew, In a Silent Way, Big Fun, etc. - première époque du Miles électrique, donc, 1968-1975, entre le rock, le funk, le jazz et la musique contemporaine. Trop jouée, cette période de Miles? Vous savez, elle est souvent mal jouée. Il faut en comprendre la substantifique moelle, il faut en étudier aussi le contexte dans lequel elle fut créée. Il faut aussi l'actualiser avec les sensations d'aujourd'hui.

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Médéric Collignon se produit ce jeudi à L'Astral, à 21h.