James Taylor avait l'habitude de nous donner rendez-vous au Centre Bell en plein Festival de jazz. Cette fois, c'est à la salle Wilfrid-Pelletier qu'il chantera et qu'on lui remettra le Spirit Award à la suite des Simon, Dylan, Cohen, Wonder, Robinson et Plant. «De la belle compa- gnie», reconnaît le grand JT.

Depuis son spectacle réjouissant de juillet 2008 à Montréal, James Taylor a effectué une tournée avec Carole King, son amie de toujours, en 2010, puis il a chanté en Europe en début d'année. C'est alors qu'il a eu envie de rameuter son groupe de 11 musiciens et chanteurs, avec lesquels il montera sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier ce soir et demain.

«Il y a longtemps que je n'avais pas fait une tournée avec ces musiciens qui sont un peu ma famille, a expliqué Taylor au téléphone. Avec Carole, ce n'était pas mon groupe habituel, mais des musiciens avec qui nous avons joué tous les deux au début des années 1970. Et en Europe, j'étais uniquement accompagné de Steve Gadd à la batterie, Larry Goldings au piano et Jimmy Johnson à la basse, parce que nous jouions dans de petits théâtres.»

«C'était super, a-t-il poursuivi, mais mon groupe me manquait. Plusieurs de mes chansons, comme Shower the People, My Traveling Star et You've Got a Friend, ont des refrains qui nécessitent plusieurs voix. En plus, on a une section de cuivres [le Blues Brother Lou Marini et Walt Fowler], ainsi que Luis Conte aux percussions latines. Je voulais vraiment travailler avec eux et jouer dans des villes comme Montréal, où je ne suis pas allé depuis un certain temps.»

Taylor aurait aimé que la tournée Troubadours avec Carole King se prolonge et passe par Montréal, mais la chanteuse tenait mordicus à terminer la rédaction de son autobiographie (A Natural Woman), qui vient d'être publiée. Un disque a été enregistré pendant cette tournée, mais les deux autres enregistrements les plus récents de Taylor étaient composés de reprises. En 2008, il nous avait d'ailleurs donné un aperçu du premier album Covers en interprétant pour la première fois en public Suzanne, de Leonard Cohen. «On a décidé ça de façon très spontanée au milieu du concert, a raconté Taylor. C'était une belle soirée, relaxe, je m'en souviens très bien. Pour nous, c'est chaque fois une expérience rafraîchissante, très exotique, de venir à Montréal. C'est un peu plus comme jouer en Europe.»

Son ami Francis

Taylor profite de chacun de ses spectacles à Montréal pour s'exprimer le plus souvent possible en français, une langue qu'il a apprise, enfant, dans une colonie de vacances du Maine. On n'était pas vraiment étonné de le voir participer à un gala de Star Académie à l'hiver 2009. «C'est à cause de mon ami Francis [Cabrel], a-t-il expliqué. J'adore sa musique, et il m'a demandé de me joindre à lui, ce que j'étais très heureux de faire.»

Après sa tournée actuelle, James Taylor entend se consacrer entièrement à son prochain album de chansons originales, auquel il travaille depuis quatre ans. «C'est bien d'être occupé, mais parfois, c'est un peu frustrant. Donc je ne ferai pas de tournée en 2013 afin de terminer ce disque. On a essayé d'intégrer quelques nouvelles chansons dans mon spectacle actuel, mais je ne veux pas brûler les étapes. Par contre, c'est bien de jouer des chansons devant un public avant de les enregistrer. Curieusement, la première fois qu'on joue une chanson, c'est souvent en studio quand on l'enregistre. Mais la chanson continue de s'écrire quand on la joue par la suite.»

Taylor donne également des leçons de guitare gratuites sur son site web, un projet qui l'amuse beaucoup. Et en démocrate convaincu, il est très actif en cette année d'élection présidentielle aux États-Unis.

«J'ai participé à une longue série d'activités de financement et je vais continuer, explique-t-il. Pour moi, c'est clair qu'on doit garder Obama. J'aime beaucoup ce que ça dit de l'Amérique que nous puissions continuer avec cet homme que je considère comme honnête et intelligent, en plus d'être un très bon leader. On ne sait pas si les gens vont le blâmer pour les difficultés des dernières années, mais je crois que ça serait une véritable erreur de redonner le pouvoir à ceux qui ont causé ces problèmes en premier lieu. Disons que je suis prudemment optimiste. J'espère que le pays va faire le bon choix, mais on ne sait jamais: après Cheney et Bush, il n'y a plus moyen de prédire quoi que ce soit.»

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James Taylor, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, ce soir et demain, 19h30.