Tombé dedans? Mets-en. Divorcée de son père éditeur, sa soprano lyrique de maman a longtemps vécu avec le célèbre violoniste Didier Lockwood. Dès l'enfance, Thomas Enhco a eu la piqûre du jazz, bien qu'il ait reçu une solide formation classique.

Voyez les suppléments de son profil biographique: petit-fils du chef Jean-Claude Casadesus, il a partagé la scène avec son ex-beau-père et le grand Martial Solal... à l'âge de 9 ans! À 12 ans, il était admis au Centre des musiques Didier Lockwood où il a étudié auprès de grands jazzmen français, européens ou américains - Biréli Lagrene, Niels Hennning Orsted Pederson, Mike Stern et plus encore. À 13 ans, il accompagnait le batteur Peter Erskine. À 15 ans, il lançait Esquisse, premier album de compositions, tout en poursuivant des études au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Someday My Prince Will Come, son deuxième opus, a été rendu public en 2009.

Il a 22 ans et vous dit des choses comme celle-ci: «Mes collègues et moi sommes attachés à la tradition. Nous ne dédaignons pas apprendre les standards, écouter les grands maîtres. Et s'il faut faire du free, il faut que ça découle de cette tradition.»

Virtuose au piano, Thomas Enhco se dépatouille très bien au violon.

«J'ai commencé le violon parce que mon frère aîné jouait déjà du piano. Ma mère voulait ainsi éviter les rivalités, j'ai donc d'abord appris le violon. Mais j'aimais écouter mon frère et... lorsqu'il est passé à la trompette, j'ai eu le droit de me mettre sérieusement au piano. Du coup, aujourd'hui, je suis d'abord pianiste et violoniste et je joue très souvent avec mon frère David.»

Du matériel original

En ce qui a trait à sa première présence au FIJM (et en terre québécoise), le jeune homme avertit que la musique de son dernier album ne traduit pas nécessairement ce qui sera joué. Du matériel original sera aussi mis de l'avant. De quelle approche?

«Mes compositions, répond-il, relèvent de formes assez construites et s'échafaudent autour de la mélodie. J'essaie de faire en sorte que tout ce qui est moderne et complexe dans ma musique ait toujours un but émotionnel. À partir du moment où l'on est sur scène et que l'on fait quelque chose destiné au public, même les choses les plus complexes doivent toucher directement le coeur des gens. Que ce soit dans l'intensité, la construction, la mélodie ou l'harmonie, je fais attention de ne pas expérimenter pour expérimenter. Je veux que la substance et la complexité puissent toucher les gens.»

Son trio se constitue du Belge Nicolas Charlier, batterie, et du Canadien (de Calgary) Chris Jennings, contrebasse.

«Ce trio porte mon nom, mais je dois dire que c'est la rencontre de trois univers. À Paris, Chris joue beaucoup avec des musiciens orientaux et ça s'entend lorsqu'il fait du jazz. Nicolas, lui, est dans l'esthétique new-yorkaise alors que je viens du classique - le romantisme, Schumann, Chopin, Mahler, les compositeurs français. Ainsi, j'ai pris soin de choisir des musiciens qui ne sont pas dans mon esthétique, mais dont j'aime profondément le jeu et l'orientation musicale.»

Encensé depuis tout petit sur ses capacités techniques, Thomas Enhco s'empresse de les banaliser au bout du fil: «Jeu virtuose, dites-vous? Vous savez, il se trouve beaucoup de musiciens de mon niveau technique aujourd'hui. Il faut donc que la virtuosité soit un moyen et pas un but.»

Modeste à part ça!

Le trio du pianiste et violoniste Thomas Enhco se produit samedi, 21h, à L'Astral.