L'auteur, compositeur et interprète américain Andrew Bird a lancé l'année dernière Noble Beast, l'un des meilleurs albums singer-songwriter américain de 2009. En vue de son concert à Montréal, on tente plutôt de le convaincre de jouer du jazz parce que, bon, c'est dans le nom du festival qui l'invite, même si... bref, ça a presque marché.

«Aaaah, soupire le musicien. Du jazz? Je n'y avais pas vraiment pensé. J'ai certainement déjà joué du jazz, à une autre époque. Je suis un grand fan de Lester Young» qui, comme Bird, avait plusieurs cordes à son arc, jouant trompette, violon et percussions en plus du saxophone grâce auquel il a fait sa marque. «Remarque, je vais probablement siffler un solo par-ci, par-là, j'imagine qu'on pourrait considérer que c'est du jazz, non?» Close enough, comme on dit dans son Chicago natal. «Il m'arrive encore parfois de participer à des jams, ajoute-t-il. Le bassiste avec qui je joue est phénoménal au ténor.»

 

C'est qu'on aimerait bien entendre ce que ça donne, Andrew Bird en jazz, comme à l'époque de son groupe Bowl of Fire, les premiers albums pour le label Ryko en 96 et 97, alors que la musique tirait sur le swing, le blues, et que Bird ne jouait qu'au violon, en plus de son caractéristique sifflet.

«Le sifflement, c'est mon instrument naturel, explique-t-il. J'ai commencé à siffler à 4 ans. Ça me vient tout seul, je le fais sans y penser. Quand je siffle, c'est comme une valve-pression, ça soulage. C'est très différent du violon; le violon est un instrument incroyablement musical, mais pour être bon, il faut s'exercer. Alors que siffler, tout le monde sait le faire, c'est plus difficile de croire qu'on peut un jour devenir bon. Je pense toutefois avoir réussi.»

Presque toutes les belles chansons de Noble Beast ont leur petit moment pinson, qui vient souligner le côté folk presque traditionnel du style d'écriture de l'auteur. Les guitares y sont magnifiques, autant que les arrangements de cordes, jamais larmoyants, toujours à propos.

«Je ne suis pas le genre d'artiste qui part en tournée pour faire la promotion d'un disque, prévient cependant le musicien. Les gens qui viennent à mes concerts ont fini par s'attendre à l'inattendu. L'idée de devoir jouer des chansons parce que ce sont les plus récentes m'écoeure, alors je pige dans tous mes albums. L'avantage de travailler depuis longtemps, c'est justement d'avoir un vaste répertoire dans lequel je peux choisir.»

Précoce, Andrew Bird a enregistré ses premières chansons en début de vingtaine, après avoir étudié le violon à l'université; il collabore alors avec le groupe Squirrel Nut Zippers, tout en aiguisant sa plume. Après l'aventure Bowl of Fire, qui se dissout en 2002, Bird s'investit dans une carrière solo, privilégiant cette fois la chanson rock et folk à la courtepointe musicale roots qui a marqué ses premières expériences.

«Vous allez entendre de nouvelles chansons sur lesquelles je travaille et que je n'ai pas encore enregistrées, poursuit-il. Puis des compositions instrumentales, certaines assez expérimentales, d'ailleurs.»

Expérimentales? Du free jazz, peut-être? Un gars s'essaie...