Le Belge Adolphe Sax (1814-1894) voulait transformer les fanfares militaires françaises pour qu'y entre «la vraie musique». Il inventa alors, en 1843, un instrument qui alliait «la douceur de la clarinette à la puissance des cuivres» et lui donna son nom: le saxophone.

Malgré ses qualités évidentes - «la plus belle pâte de son que je connaisse», dira le compositeur Rossini -, l'instrument ne trouva pas d'emblée sa place dans l'orchestre traditionnel. Toutefois, quand les soldats américains le ramenèrent après la Première Guerre mondiale (1918), l'instrument commença en Amérique une carrière qui allait en faire, en moins de 20 ans, le symbole de cette nouvelle musique appelée jazz.

Peut-être, lit-on souvent, parce que de grands saxophonistes ont fait avancer le jazz plus que les autres instrumentistes, en commençant par le ténor Coleman Hawkins, le premier grand soliste du saxophone qui fit de Body and Soul (1939) un des premiers grands hits commerciaux de l'histoire du jazz. Histoire qui, selon certains, s'arrête avec l'alto Charlie Parker (1920-1955), maître du bebop resté très près du blues et souvent considéré comme le plus grand improvisateur de l'histoire, tous instruments confondus.

Contemporains ou héritiers de «Bird», d'autres se sont illustrés dans la grande famille des saxophones qui, par ailleurs, sont encore au nombre de cinq dans le grand orchestre de jazz: deux altos, deux ténors et un baryton, le plus grave (l'instrument du Montréalais Charles Papasoff). Parmi eux: Ornette Coleman, Lester Young, Cannonball Adderley, John Coltrane, Stan Getz, Lee Konitz, Benny Carter et Sonny Rollins, «Our man in jazz», qui s'est produit hier soir à Wilfrid-Pelletier.

DES SAXOPHONISTES AU FIJM

À venir


Charles Papasoff (jeu.)

John Surman (ven.+ sam.)

André Leroux (dim.)

À écouter

Charlie Parker, Confirmation - The Best of the Verve Years, 1995.

The World Saxophone Quartet, WSQ Plays Duke Ellington, 1986.

Chet Doxas, Big Sky, JustinTime, 2010.

À lire

Jean-Louis Delage, Adolphe Sax et le saxophone, Éd. Josette Lyon, 1992.

Photo: archives La Presse

Charles Papasoff

TROIS QUESTIONS À CHET DOXAS

La Presse: La musique et toi, ça part de loin...

Chet Doxas: Mon père, George, est musicien, guitariste, et il a longtemps dirigé le département de musique du Lindsay Place High School à Pointe-Claire. Enfant, j'ai joué du drum avec mon frère Jim, avant de passer à la clarinette. J'en joue encore aujourd'hui pour améliorer mon doigté et mon souffle. Et la précision de mon jeu: la clarinette ne pardonne pas... Après j'ai adopté le saxophone - j'ai toujours joué de l'alto -, qui est plus simple.

Après l'école secondaire, je suis allé au collège Marianapolis, d'où l'on pouvait accéder aux ensembles de McGill où j'ai joué aux côtés d'étudiants à la maîtrise comme Kelly Jefferson (sax) et Kelsey Grant (trombone). C'est là que j'ai commencé à travailler, au Upstairs et ailleurs.

L.P.: Qui t'a influencé?

C.D.: La découverte de Charlie Parker m'a transformé. Aujourd'hui, à 30 ans, alors que je suis toujours à former ma voix, j'écoute encore le son merveilleux de géants comme Johnny Hodges, le soliste alto de l'orchestre de Duke Ellington, et Sonny Rollins, des artistes plus grands que nature qui font disparaître l'instrument pour ne faire entendre que leur voix à eux. Comme le faisait si bien Ornette Coleman dont le son était très proche de la voix humaine.

L.P.: Quels sont tes projets?

C.D.: Mon objectif est de gagner ma vie avec ma musique. Comme je le fais cet été dans quelques festivals. Mais ça ne m'empêche pas de jouer des standards et travailler avec d'autres. En septembre, il se peut que je parte en tournée avec (le guitariste) John Abercrombie. Jim et moi avons un projet avec (le basssite) Steve Swallow... Un jour, je vais retourner m'installer à New York. Tu t'améliores quand tu fréquentes les meilleurs.

Photo: fournie par le FIJM

Chet Doxas