Bitches Brew Revisited? Un peu bouillabaisse, en ce qui me concerne. Direction trop aléatoire, moins compétente que ne l'a déjà fait Bobby Previte ou encore Wallace Roney à partir d'un corpus relativement similaire.

Graham Haynes, cornet. Melvin Gibbs, basse. DJ Logic, tables tournantes. Adam Rudolph, percussions. James Hurt, claviers. Vernon Reid (ex- Living Colour), guitare. Antoine Roney, saxophone et clarinette, JT Lewis, batterie. Dans la formation originelle de ce projet, on avait prévu trois autres musiciens: la batteure Cindy Blackman, le guitariste James Blood Ulmer, le claviériste Marco Benevento ont été remplacés, du moins pour l'escale montréalaise.

Derrière cette tribu disposée en demi-cercle sur la scène du théâtre Jean-Duceppe, projections d'évocations antiques: est-africaines, afro-égyptiennes, précolombiennes, typiques de l'art visuel préconisé sur les pochettes des albums de Miles Davis, soit à l'époque de ses sessions fondatrices du jazz électrique. Et dont l'album Bitches Brew est certes la plus célèbre.

En guise d'enchaînements aux pièces, on présente des éléments d'interviews de Miles, qui tergiverse sur le paysage sonore.

Mal dirigée, la matière de Bitches Brew peut rapidement basculer dans la simple évocation historique. Ou, pire, dans le jam informe et inintelligible. La sonorisation est primordiale, il faut dire: sans consignes précises sur la dynamique d'ensemble et la mise en relief des solistes, ces fresques mythiques deviennent des jams nettement moins pertinents.

Ainsi, cette version du vendredi 25 juin était peut-être ambitieuse, nous a offert quelques extrapolations, sans qu'on puisse conclure à quelque ravissement. Du moins, pendant l'heure que j'y ai passé.

Le cornet de Graham Haynes, crucial dans la relecture d'une telle matière, se perdait souvent dans la clameur générale. Sauf exception, les performances individuelles ne pouvaient se dégager du magma. Dommage, car certains solistes pourraient encore mieux s'y exprimer - notamment Vernon Reid et Antoine Roney, renommés solistes.

Pour ainsi transcender une matière aussi précieuse que Bitches Brew, donc, il faut direction plus rigoureuse. C'est d'ailleurs là où excellait Miles Davis d'ailleurs: dans sa direction artistique, dans sa direction d'orchestre, dans le dosage parfait des ambiances collectives et des performances individuelles.

Vendredi, ce n'était pas tout à fait le cas... Bonsoir la (re)visite?