Avec ses 88 notes, il tient très bien la scène tout seul - voir la série Piano Solo à la Chapelle du Bon-Pasteur. Avec les autres, il puise dans sa formidable palette pour assurer sa place dans la formation jazz, grande ou petite.

Le piano a été le premier instrument soliste du jazz, avant même que le genre ne soit connu sous ce nom. Du ragtime des maisons closes de La Nouvelle-Orléans au stride des speakeasys de New York, l'instrument a longtemps défini ses propres genres: ainsi, encore, le boogie woogie, musique au rag d'enfer (main gauche) adaptée du blues (main droite) qui arrivait en ville dans les années 20. Les pionniers s'appelaient Scott Joplin, Jelly Roll Morton, Eubie Blake, Fats Waller, Earl Hines.

Se libérant de sa dominante rythmique originale, le piano fera de plus en plus de place à ses rôles harmonique et mélodique: il accompagne, il chante. Le voilà, à l'ère du swing, au centre des grands ensembles - Count Basie, Duke Ellington - puis, 20 ans plus tard, en trio, avec batterie ou sans, comme Nat King Cole et Oscar Peterson.

De temps à autre, une force s'est élevée, amenant l'instrument et la musique vers de nouvelles frontières: Art Tatum (1909-1956)- «un Chopin fou», dira Cocteau - a transcendé à tous égards ce qui s'était fait avant lui; Thelonious Monk (1917-1982) a tout viré à l'envers pour définir le bebop; quant à Bill Evans, il est toujours, 30 ans après sa mort, le chef de file des harmonistes.

Et Ahmad Jamal (Fritz Jones), contemporain sinon l'égal de tous ces maîtres, se produit au FIJM pour la première fois depuis 1991, vendredi prochain, le jour de ses 80 ans.

Source: Dictionnaire du jazz, Laffont

DES PIANISTES AU FIJM

Herbie Hancock (demain).

Robert Glasper (1, 2, 3 juil.);

Tord Gustavsen (3 juil.)

À écouter

L'histoire du piano jazz (25 CD), Le Chant du Monde, 2009

Vijay Iyer Trio, Historicity, ACT Music, 2009

Julie Lamontagne Trio avec Donny McCaslin (sax), Now What?, Justin Time/EMI, 2009

À lire

Alyn Shipton, A New History of Jazz, Continuum, 2008.

Photo: Douglas Kirkland

Herbie Hancock

TROIS QUESTIONS À JULIE LAMONTAGNE

Mercredi, la pianiste dirigeait l'orchestre du grand spectacle de la Fête nationale, sur les Plaines d'Abraham à Québec. Demain et lundi au bar Upstairs de la rue Mackay, avec ses comparses Dave Watts (b) et Jim Doxas (bat.), elle accompagne le saxophoniste Houston Person, musicien polyvalent comme elle.

La Presse -- Qu'est qui vous allume dans votre métier?

J.L. -- Je suis 100% Gémeaux: je conjugue jazz et pop depuis toujours, J'aime trouver l'inspiration quels que soient le genre de musique et le style des musiciens qui m'entourent. Et mon rôle parmi eux: parfois, comme avec Isabelle Boulay, je suis la directrice musicale - j'haïs pas ça, diriger la patente - mais avec Bruno Pelletier, je suis une simple sidewoman et c'est parfait. Au piano, on peut tout faire: jouer solo ou accompagner, être à l'avant-scène ou se fondre à l'ensemble.

L.P. -- Quand avez-vous rencontré le jazz?

J.L. -- Un jour, au cours d'un camp pour jeunes musiciens à Orford, j'ai assisté à un concert d'Oliver Jones et je me suis dit: «Wow! Quelle est cette musique?»Plus tard, j'ai rencontré James Gelfand et Lorraine Desmarais qui a été mon prof au cégep de Saint-Laurent . Mon idole aussi: je faisais tout comme elle... jusqu'à ce que je commence à sonner comme Julie Lamontagne.

L.P. -- Des projets?

J.L. - Je rêve depuis longtemps de jouer des arrangements jazz sur une pièce classique. J'ai travaillé le premier mouvement du Concerto pour piano (en ré mineur, op 30) de Rachmaninov, qu'on entend dans le film Shine. Je l'avais monté pour orchestre symphonique mais ma demande a été refusée: c'était trop big. Je vais le faire en trio.

Photo: André Pichette, La Presse

Julie Lamontagne