La radio rock FM lui doit l'un de ses classiques, le blues Loan Me a Dime, et les radios commerciales ont fait tourner à satiété ses succès des années 70. Pourtant, ce chanteur au drôle de nom n'a jamais mis les pieds à Montréal. Explications.

Boz Scaggs ne donne pas beaucoup d'interviews. Il m'accorde 10 minutes au téléphone pendant lesquelles il en profite pour casser la croûte. Le chanteur américain est poli, mais pas très bavard. Il se dit «très excité» de visiter notre «ville renommée», lui qui n'y a jamais mis les pieds à l'époque où il régnait sur les palmarès, du milieu des années 70 au début des années 80. Qui n'a pas entendu ou fredonné Lido Shuffle, Jojo, Breakdown Dead Ahead ou Lowdown?

 

Dans les années 60, William Royce Scaggs, surnommé Boz par des amis d'école, a joué dans la rue en Europe et a même enregistré un album en Suède. De retour aux États-Unis, il a fait partie du Steve Miller Band, dont le leader est un ami d'enfance, avant de se lancer dans une carrière solo avec l'appui de l'éditeur du magazine Rolling Stone, Jann Wenner.

L'album Boz Scaggs, paru en 1968, nous a valu le blues Loan Me a Dime, que le regretté Duane Allman a gratifié de l'un des plus beaux solos de guitare de l'histoire du rock. Mais ce n'est qu'en 1976 que Scaggs a véritablement trouvé sa voie - et sa voix, unique - dans le rhythm and blues et le soul blancs qui ont fait son succès à compter de l'album Silk Degrees.

«J'ai grandi au Texas où nous avions accès au blues et au rhythm and blues et c'est ce qui m'a donné le goût de jouer de la guitare et de chanter, dit-il entre deux bouchées. Quand cette musique a évolué, qu'elle est devenue plus complexe dans sa structure, ses rythmes et ses orchestrations, la mienne a suivi le courant. Au fil des ans, ça m'a amené à toucher à toutes sortes de musiques, dont des standards avec des musiciens de jazz. J'ai fait un album de blues de racines dans les années 90, et je fais aussi des chansons pop.»

Ce rhythm and blues sophistiqué l'a imposé. Scaggs croit qu'il a également marqué ses amis Michel McDonald, qui a fait prendre un virage moins rock et plus jazzé aux Doobie Brothers à la fin des années 70, et Donald Fagen, le leader de Steely Dan. Scaggs, McDonald et Fagen partiront d'ailleurs en tournée en août sous le nom des Dukes of September, eux qui ont donné des spectacles ensemble au début des années 90 dans la New York Rock and Soul Revue: «Nous puisions beaucoup dans notre intérêt et notre affection pour la musique américaine, le rhythm and blues en particulier.»

Cette tournée à trois têtes d'affiche permettra à Boz Scaggs de se produire devant des publics qui, comme celui de Montréal, ne l'ont jamais vu. «Je n'ai pas tourné tant que ça dans les années 70 et j'ai pris un moment de répit pendant les années 80. Je suis devenu papa et j'avais des affaires personnelles à régler. Et puis, j'ai eu beaucoup de succès jusqu'au début des années 80 et je sentais qu'il était temps de prendre un peu de recul. Je n'ai jamais vraiment donné de spectacles en Europe et il se pourrait que la tournée avec Mike et Donald m'amène dans des villes où je n'ai jamais joué. Par contre, j'ai beaucoup tourné en Asie, en Australie et en Nouvelle-Zélande et ce sera l'occasion pour eux d'y aller.»

Même s'il s'amène au Festival de jazz, Boz Scaggs ne chantera pas les standards qu'on retrouve sur ses deux derniers albums. «Non, je les chante quand je suis en trio ou en quartette, dit-il. Vous allez entendre toutes sortes de choses, du blues et du rhythm and blues. C'est un show d'énergie, avec des cuivres, des guitares et des chanteurs, tous très polyvalents.»

Boz Scaggs, Théâtre Maisonneuve, 18h.